Le 12 juin dernier, Al-Jazeera diffusait des images terrifiantes d’exécutions sommaires de Palestiniens désarmés par des soldats israéliens sur une plage de Gaza. Ces images sont rares, Tsahal ayant verrouillé l’accès des journalistes à l’enclave assiégée. Mais elles corroborent les témoignages de six réservistes israéliens, qui racontent comment ils avaient carte blanche pour ouvrir le feu sur des civils palestiniens.
« Je m’emmerde, alors je tire »
Ces six soldats, dont un seul a osé ne pas demander l’anonymat, décrivent une scène de carnage où les civils sont abattus simplement parce qu’ils osent entrer dans une zone déclarée interdite sans aucun avertissement. Les cadavres sont laissés à la merci des animaux errants jusqu’à ce que des convois humanitaires arrivent, et là, miracle, Tsahal les cache vite fait pour éviter les mauvaises images.
Ils parlent aussi d’une politique systématique d’incendie des immeubles palestiniens après les avoir utilisés. « Les directives sont quasi inexistantes », disent-ils. La plupart du temps, les soldats tirent juste pour tuer l’ennui. Un réserviste témoigne : « J’ai moi-même tiré dans tous les sens sans raison, sur des immeubles, des trottoirs, des Palestiniens présents au mauvais moment. »
Tirs sans Restriction
Depuis la première Intifada, l’armée israélienne refuse de divulguer ses règles d’engagement, laissant une latitude énorme aux soldats et commandants. Résultat : plus de 38 000 Palestiniens tués et un nombre effarant de « tirs amis » depuis le 7 octobre 2023.
Les soldats admettent qu’ils ne peuvent pas distinguer les civils des miliciens du Hamas, alors tout homme entre 16 et 50 ans est traité comme un terroriste potentiel. Même dans les zones calmes, les tirs sont lourds et intensifs, juste pour montrer « qu’ils sont là ».
Un Jeu Vidéo Mortel
Yuval Green, seul soldat à avoir accepté d’être identifié, dénonce l’absence totale de règles d’engagement et la manière dont les soldats tirent « juste pour ne plus s’emmerder ». Green raconte aussi l’indifférence vis-à-vis du sort des otages et la pratique de faire sauter des tunnels sans se soucier des vies à l’intérieur.
Un autre soldat, A., parle des tirs sur des hôpitaux, écoles et bâtiments religieux, souvent sans véritable raison. Il décrit un état d’esprit où « d’abord on tire, ensuite on pense ». Les soldats voient les destructions via des images de drones et trouvent ça « dingue, quel pied! », oubliant que ce sont de vrais immeubles avec de vrais habitants à l’intérieur.
Une Routine de Destruction
Les témoignages décrivent aussi comment incendier des immeubles est devenu une routine, souvent ordonnée par les commandants. Yuval Green explique que ces destructions sont « inimaginables » et que les soldats pillent tout ce qu’ils peuvent, des vêtements aux photos de famille, laissant derrière eux des quartiers entiers réduits en ruines.
Pour Israël, la vie des palestiniens n’a aucune valeur. Les soldats tirent pour s’amuser, les cadavres s’amoncellent et l’armée israélienne, fidèle à elle-même, continue de dissimuler ses atrocités sous un voile d’indifférence et de brutalité systématique. Un témoignage poignant de la barbarie moderne, où la justice et l’humanité sont les grandes absentes.