Ça fait froid dans le dos : 24 millions de personnes en France, soit un tiers de la population, sont aujourd’hui » défavorablement connues » par la police, fichées dans le fameux TAJ (Traitement d’Antécédents Judiciaires). Ce fichier, censé être un » casier bis » pour garder une trace des personnes » mises en cause » par la police ou la gendarmerie, a gonflé de façon scandaleuse depuis sa création en 2012. En 12 ans, on est passé de 9 millions de fichés à 24 millions. Et le pire ? Une grosse partie de ces personnes ont été blanchies par la justice, mais restent pourtant marquées comme suspectes. Casier judiciaire, Fiche S, TAJ être fiché sur les trois c’est un peu comme perdre au tiercé…
Le TAJ, c’est la CNIL qui le décrit bien : un foutoir mal géré où moins de 30 % des décisions de justice en faveur des suspects sont effectivement prises en compte. Résultat, même après une relaxe ou un acquittement, beaucoup continuent de traîner cette étiquette de » défavorablement connu « . Ça peut ruiner une carrière : pour les fonctionnaires, les agents de sécurité, ceux qui bossent dans les aéroports ou les casinos, ce fichage, même sans fondement, peut entraîner une perte d’habilitation, donc leur boulot.
La CNIL a beau dénoncer ce fiasco depuis 12 ans, c’est le silence radio côté gouvernement. Mis en demeure une première fois en 2015, le ministère de l’Intérieur avait promis de corriger le tir d’ici fin 2016… et là, en 2023, la CNIL redonne un ultimatum pour 2026. Pas foutus de connecter leurs fichiers avec ceux de la Justice, alors qu’ils bossent dessus depuis 2008 ! Dans tout ce merdier, seuls 5,5 millions des » mises en cause » sont vraiment enregistrés dans le casier judiciaire officiel. Le reste, c’est du fichage en douce, sans même un vrai procès.
Voilà donc à quoi on en est arrivé en France : un fichage massif, des vies fichues sur des erreurs et des soupçons, et un gouvernement qui traîne les pieds pour corriger le tir.