La Paz en Ébullition : Factions Rivales du MAS s’Affrontent au Cœur du Pouvoir Bolivien

Aujourd’hui, les rues de La Paz, capitale bolivienne, sont le théâtre d’affrontements entre factions rivales du Mouvement vers le socialisme (MAS). La scission interne au parti, autrefois uni sous la bannière de l’ancien président Evo Morales, a dégénéré en une lutte ouverte entre les partisans de l’actuel président Luis Arce et ceux de Morales, tous deux se disputant le contrôle politique du pays.

Une mobilisation historique

La journée a commencé par une manifestation massive organisée par la Centrale ouvrière bolivienne (COB), la plus grande confédération syndicale du pays, en soutien au président Luis Arce. Les manifestants, déterminés à défendre le gouvernement actuel, dénoncent ce qu’ils perçoivent comme des tentatives délibérées des partisans d’Evo Morales pour déstabiliser la nation. Selon eux, les députés pro-Morales bloquent systématiquement les propositions clés d’Arce, notamment des projets de loi concernant les prêts internationaux et les investissements étrangers qulins estiment nécessaires à la relance économique du pays.

La tension était palpable alors que la foule se dirigeait vers le bâtiment du Congrès, fermement décidée à occuper l’Assemblée nationale. Il semble que les forces de l’ordre aient adopté une approche passive, permettant aux manifestants d’occuper les lieux sans réelle opposition.

Affrontements entre factions

Cependant, la situation a rapidement dégénéré lorsque les partisans d’Evo Morales, informés des intentions des pro-Arce, ont eux aussi convergé vers le Congrès pour protéger leurs députés. Les deux factions se sont alors affrontées de manière frontale aux portes de l’Assemblée. Pendant ce temps, à l’intérieur du bâtiment, députés et sénateurs sont restés bloqués, pris en otage par le bras de fer politique qui se joue dans les rues.

Les partisans d’Arce, majoritairement composés de syndicalistes, contrôlent désormais les principales entrées du Congrès. Ils réclament que les propositions du président soient enfin votées et ont annoncé leur intention de camper sur place jusqu’à obtenir gain de cause. De l’autre côté, les partisans d’Evo Morales ne cèdent pas de terrain, se préparant à intensifier leurs propres mobilisations dans les jours à venir.

La Police en retrait

Ce qui frappe, c’est l’attitude relativement passive des forces de police, qui se contentent pour l’instant d’observer les événements. Cette passivité est perçue par beaucoup comme une forme de complicité tacite avec les pro-Arce, puisque la police n’intervient pas pour rétablir l’ordre ou protéger le Congrès. Pour d’autres, cela illustre simplement la complexité d’une situation où l’affrontement n’oppose plus gouvernement et opposition traditionnelle, mais deux ailes rivales d’un même mouvement.

Une lutte pour l’avenir du MAS

Cette scission au sein du MAS met en lumière les profondes divisions qui minent le parti depuis l’arrivée au pouvoir de Luis Arce en 2020. Si Evo Morales a longtemps incarné le visage du MAS et de la révolution sociale en Bolivie, son successeur tente aujourd’hui de tracer sa propre voie, entre gestion libéral et ouverture aux capitaux étrangers. Une orientation qui ne plaît pas à tout le monde, surtout parmi les anciens fidèles de Morales, pour qui l’idéologie anti-impérialiste et la souveraineté économique doivent rester des priorités absolues.

Le blocage des réformes d’Arce au Congrès, en particulier celles liées à l’économie, est devenu le point de friction majeur entre les deux camps. Tandis qu’Arce défend la nécessité d’attirer des investisseurs étrangers pour relancer une économie en difficulté, les partisans de Morales accusent ces projets de trahir les idéaux du MAS, en ouvrant la porte à une dépendance vis-à-vis des puissances étrangères.

L’avenir incertain de la Bolivie

L’issue de cette confrontation reste incertaine. Pour l’instant, les pro-Arce campent devant le Congrès, fermement décidés à ne pas quitter les lieux tant que leurs revendications ne seront pas entendues. De leur côté, les pro-Morales préparent de nouvelles mobilisations pour les jours à venir, promettant que la bataille pour l’âme du MAS ne fait que commencer.

Les prochains jours seront cruciaux pour l’avenir du parti et, plus largement, pour la stabilité politique de la Bolivie. La division au sein du MAS risque de laisser des cicatrices profondes, alors que le pays se retrouve à nouveau en proie à une crise politique majeure. Le spectre d’une fragmentation du mouvement pourrait affaiblir la gauche bolivienne, ouvrant la voie à reprises a main du pouvoir par les forces de la réaction.