James C Scott est mort le 19 juillet 2024 et cela n’a fait la une d’aucun média.
Il avait 87 ans. Je ne suis pas un specialiste de cet anthropologue mais sa disparition me touche parce que sa pensée s’est eteinte.
En 2019 quand je lis “Homo domesticus”, je commence par la conclusion de ses 60 ans de pensées. Parti de l’étude des sociétés rurales du sud est asiatique, Scott a développé une critique radicale de notre civilisation. Il denonce l’Etat qui modernise, uniformise et detruit et s’attaque à tout ce qui nous a été inculqué en tant que progrès.
Il refute l’idée que tout le monde s’est joyeusement soumis à la souveraineté d’un Etat et prouve qu’il y a toujours eu et qu’il y a encore des zomia partout. Des zones qui fuient, contournent, esquivent cette forme d’organisation sociale.
Il finit par achever définitivement d’adversaire avec Against the grain (homo domesticus en français) en prouvant que le neolithique n’est pas la chouette révolution qui nous a sorti de l’âge de pierre mais bel et bien le début des emmerdements.
Pour un paysan, ce livre permet de remettre notre travail dans le long fil de l’histoire de l’alimentation humaine, de reprendre la discussion avec nos frères et soeurs horticulteurs, chasseurs, opportunistes, mobiles. James C. Scott n’est pas l’Oncle Vania d’Edouard (pourquoi jai mangé mon père) qui refuse toute avancée, il refuse juste les faux progrès, le storytelling de notre civilisation.
Je crois bien que seuls 5 de ses livres ont été traduits en français ca nous donne donc l’occasion d’espérer que le reste de son oeuvre sera publié bientôt chez nous.
Il y a une publication de lui de 2016 dans la Voie du jaguar : https://www.lavoiedujaguar.net/La-montagne-et-la-liberte