À seulement cent jours du coup d’envoi, le stade olympique de Paris 2024 se transforme en arène de l’exploitation sous couvert de volontariat. Les 45,000 âmes recrutées pour donner vie à cet événement mondial commencent à percevoir les fissures dans le vernis doré de l’Olympisme. Déguisée en opportunité unique, cette vaste entreprise s’apparente de plus en plus à une campagne grotesque de “salariat déguisé” qui pourrait bien être la plus grande jamais orchestrée sur le sol français.
Hamid, 77 ans, symbole de cette génération qui rêvait de contribuer à l’éclat des Jeux, voit son enthousiasme se muer en amertume face à la désorganisation rampante du comité d’organisation des Jeux Olympiques (COJO). Son béret olympique, qu’il trouve laid, ne sera qu’un souvenir ironique d’un rêve fané. Loin des promesses d’une participation joyeuse et organisée, il se heurte à un mur de silence et d’incertitude concernant son emploi du temps.
Ce que dévoile aujourd’hui l’enquête de Mediapart est glacial : des journées de travail dignes d’un temps plein, sans la moindre compensation financière, à l’instar des pires pratiques de la fast-fashion où l’on use et jette sans scrupule. Ce modèle d’exploitation, enrobé d’une rhétorique de passion sportive, attire massivement, avec plus de 300 000 candidatures pour une poignée de places, preuve de la désinformation orchestrée par les hauts pontifes olympiques.
Tony Estanguet, le président grassement payé du COJO, navigue entre les enquêtes financières tout en promouvant ce qui s’apparente à une exploitation de masse. Les bénévoles, eux, sont assignés à des tâches cruciales allant de la gestion de l’équipement à l’administration des accréditations, souvent au profit direct d’entités privées comme Omega, l’horloger officiel des Jeux, qui se repaît de cette main-d’œuvre gratuite pour rayonner à moindre coût.
Le récit de ces bénévoles révèle une triste réalité : des semaines de travail calquées sur un modèle salarial, sans les droits ni les protections associées. Le droit au logement pendant les Jeux leur est même refusé, un comble dans une ville où les prix des logements vont flamber, les rendant de fait inaccessibles pour ceux qui viennent de loin.
Le COJO, en chef d’orchestre de cette mascarade, maintient que le volontariat est une “opportunité” et non une contrainte. Pourtant, derrière ce vernis de volontariat se cache une exploitation systémique, dénoncée par les opposants comme une nouvelle forme de travail dissimulé.
L’urgence est criante : à l’approche des Jeux, l’organisation frôle le chaos, avec des volontaires mal informés et mal préparés, catapultés dans un système où leur bien-être est le cadet des soucis du COJO. Le modèle olympique, déjà critiqué pour son coût exorbitant et son impact environnemental, ajoute désormais à son palmarès une atteinte grave aux droits fondamentaux des travailleurs.