Les manifs étudiantes contre les quotas dans la fonction publique, jusque-là plutôt pépères, ont tourné au carnage le 15 juillet. Des affrontements violents entre étudiants, flics, et les gros bras de la Bangladesh Chhatra League (BCL), l’aile étudiante de la Ligue Awami, le parti de la première ministre Sheikh Hasina. Le bilan ? Au moins 110 morts depuis le début de la semaine, dont 62 rien que vendredi. Des milliers de blessés. » L’augmentation du nombre de morts montre l’intolérance totale des autorités face aux manifs « , accuse Babu Ram Pant d’Amnesty International. L’ONU parle d’attaques » particulièrement choquantes et inacceptables « . Un vrai carnage que ces pourris osent justifier !
Le pouvoir a imposé un huis clos, déployé l’armée, et instauré un couvre-feu. Les rues de Dacca sont désertes, mais les militaires tiennent la ville. Vendredi, les manifestants ont bravé l’interdiction de rassemblement, et la capitale est devenue un champ de bataille : affrontements, incendies , et même une prison prise d’assaut à Narsingdi, à 50 km de Dacca. Les camarades ne lâchent rien ! Les hôpitaux débordent de blessés. À l’hôpital de Farazy à Dacca, des manifestants blessés par des tirs d’hélicoptères se réfugient. À l’hôpital d’Uttara, une personne est victime d’un tir à bout portant.
Le mouvement anti-quotas a pris une ampleur inédite. Les étudiants protestent contre un système qui réserve 30 % des emplois de fonctionnaires aux descendants de ceux qui ont combattu pour l’indépendance en 1971. Les étudiants veulent un recrutement au mérite. Ces règles avaient été revues en 2018 sous la pression de manifs, mais un tribunal a rétabli les quotas en juin. La Cour suprême se penchera sur la question le 21 juillet. Le mouvement s’étend aux universités privées, madrasas, et écoles huppées de Dacca. Même les élèves des écoles militaires rejoignent les cortèges. Pierre Prakash de l’ONG Crisis Group note que » la réaction violente de la police et des membres de la Ligue Awami n’a fait que descendre davantage d’étudiants dans la rue « . Ça bouge, et ça va encore bouger !
Les gens ordinaires, désespérés par la vie sous le régime de Sheikh Hasina, rejoignent les étudiants. Cette mobilisation populaire est inédite. Même les parents d’étudiants descendent dans les rues. Le principal parti d’opposition, le BNP, soutient les étudiants, et ses partisans grossissent les rangs des manifestants. La police a arrêté vendredi Ruhul Kabir Rizvi, un dirigeant du BNP.
Sheikh Hasina, qui règne sans partage depuis 2009, a comparé les manifestants aux » razakars « , les collabos du Pakistan en 1971. Elle défend les quotas, estimant que les vétérans méritent le respect. Mais en surface, ce mouvement s’oppose aux quotas dans la fonction publique. En réalité, c’est une explosion de mécontentement social, économique et politique qui couve depuis des années. Les gens en ont ras-le-bol !
Plusieurs sites Internet officiels ont été piratés, comme celui de la première ministre, affichant le message des hackeurs : » Ce n’est plus un mouvement de protestation, c’est une guerre désormais « . Mme Hasina a annulé ses visites diplomatiques prévues en Espagne et au Brésil.
Le Bangladesh est en ébullition, et la situation ne semble pas prête de se calmer. Le peuple crie son désespoir, et le régime de Sheikh Hasina vacille. Une chose est sûre, ça va barder !