Cessez-le-feu au Liban : une victoire tactique pour le Hezbollah?

Les détails de l’accord de cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël, obtenus par le journaliste libanais Hassan Ollaik, révèlent une situation en demi-teinte. Si l’accord marque la fin des hostilités dans le sud du Liban, il soulève autant de questions qu’il ne répond aux attentes, en particulier sur l’avenir de la résistance et la stratégie israélienne.

L’accord, qui doit entrer en vigueur demain matin, se concentre exclusivement sur la zone située au sud du fleuve Litani. Les déplacé·es devraient également commencer à revenir dans leurs villages dès demain, après une déclaration officielle du président libanais Nabih Berri. Cependant, cet accord semble loin d’être un véritable mécanisme de paix.

Contrairement à ce qu’ont pu affirmer certains médias israéliens, aucune clause explicite ou implicite ne prévoit le désarmement du Hezbollah ou le démantèlement de son arsenal en dehors de cette zone. L’armée libanaise continuera d’être déployée aux points de passage, mais son rôle reste limité à des fonctions déjà existantes.

Un rôle marginal pour les forces internationales

L’accord ne confère aucun pouvoir particulier à la FINUL (Forces Intérimaires des Nations Unies au Liban) en matière de sécurité dans le sud du Liban. Au contraire, il se borne à encadrer la situation via l’armée libanaise, renforçant ainsi l’autonomie locale et la souveraineté nationale. Cela constitue un coup dur pour Israël, qui espérait probablement une implication accrue des forces internationales pour limiter les capacités d’action du Hezbollah.

Un comité de cinq membres, inspiré des mécanismes de suivi établis après les conflits de 1996 et 2006, sera chargé de recevoir les plaintes pour violations de l’accord. Ce dispositif reste toutefois largement symbolique et ne semble pas avoir de réel pouvoir contraignant.

Israël à un tournant stratégique

Les termes de l’accord dévoilent également la position délicate d’Israël. À en croire les sources proches de la négociation, Tel-Aviv aurait informé les États-Unis de son désir d’un cessez-le-feu après avoir atteint les limites de son opération terrestre. L’entité sioniste se trouvait alors à un carrefour : soit prolonger une guerre coûteuse et risquée, soit la suspendre en espérant regagner du terrain diplomatique.

Cependant, les conditions obtenues par Israël sont loin de satisfaire ses ambitions initiales. Aucune mention d’une  » zone tampon  » ou d’un contrôle accru sur le sud du Liban n’apparaît dans le texte final. Pour le Hezbollah, cela représente une victoire tactique, lui permettant de conserver son influence dans la région tout en évitant des pertes supplémentaires.

Un répit pour qui ?

Si ce cessez-le-feu apaise temporairement les tensions au Liban, il ouvre un boulevard à Israël pour concentrer ses efforts sur Gaza. Netanyahou a déjà annoncé vouloir intensifier la pression sur le Hamas, une déclaration qui laisse présager une escalade de la violence contre les Palestinien·nes.

Pendant ce temps, le retour des déplacé·es au sud du Liban pourrait rapidement devenir un nouveau front de discorde. Les craintes exprimées par les habitant·es du nord d’Israël, qui redoutent un retour des villages libanais à leur pleine activité, témoignent d’une méfiance persistante et d’une instabilité latente.

En somme, cet accord de cessez-le-feu, bien qu’il marque une pause dans les affrontements, ne règle aucun des problèmes structurels qui sous-tendent le conflit entre Israël et le Hezbollah. Il illustre plutôt l’épuisement des deux parties après des mois de combats acharnés. Mais à Gaza, ce répit au Liban risque de se traduire par une intensification du cauchemar pour les Palestinien·nes. Une guerre cesse, une autre s’aggrave, tandis que la communauté internationale continue de regarder ailleurs.

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