La liste n’est pas exhaustive mais elle est édifiante. Rarement la France aura connu autant d’agressions et de propos racistes en si peu de temps. Depuis le 9 juin et les résultats électoraux du RN, pas un jour ne passe sans que la presse ne relate une agression. Souvent très violentes, toujours racistes, ces agressions sont souvent explicitement liées au contexte politique, avec des références au RN, à Marine Le Pen ou à Jordan Bardella.
Un homme tabassé
À Perpignan, une commerçante a reçu un courrier raciste : » Je vous conseille de préparer votre départ pour l’Afrique. Nous allons dès le mois de septembre effectuer un nettoyage impitoyable et virulent du quartier. » Charmant, n’est-ce pas ? À Roanne, le maire LR Yves Nicolin a dû s’excuser pour avoir déclaré que » ceux qui sortent la nuit sortent plutôt l’été. C’est une race qui aime la chaleur et le beau temps. » Belle démonstration de savoir-vivre républicain.
À Bourg-en-Bresse, les images de l’agression de Mourad B. sont insoutenables. Chaque coup porté par ses agresseurs est accompagné d’insultes racistes : » On est en France « , » Descends, sale bougnoule « . Les deux agresseurs ont été condamnés à quatre ans de prison, dont un avec sursis. Heureusement, la justice a agi, mais à quel prix ?
Dans les Cévennes gardoises, un homme a passé la nuit à déambuler avec un fusil, tirant plusieurs coups de feu et vociférant » À mort les Arabes « . À Paris, une femme voilée a été agressée verbalement : » C’est insupportable, il va falloir l’enlever… Vous êtes une ennemie de la France. » À Saint-Vincent-de-Barrès, des tags racistes comme » Vive le RN » et » Mort aux bougnoules » ont été découverts sur une route départementale.
Des pompiers menacés et insultés
Les attaques racistes ont également visé des candidat·es et des militant·es. À Avignon, une boulangerie a été incendiée et taguée avec des inscriptions racistes et homophobes : » nègre « , » PD « , » dégage « . À Thiais, un chauffeur de bus a été victime de menaces de mort et d’insultes racistes par un automobiliste : » Je vais te tuer, je vais vous éradiquer. » L’automobiliste a même percuté délibérément le chauffeur de bus.
À Vieux-Condé, des pompiers ont été empêchés d’intervenir et ont reçu des menaces et des insultes racistes : » On est chez nous, les bougnoules dehors ! » À Paris, Karim Rissouli a reçu un courrier raciste : » Le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots. » Le 22 juin, à Montargis, une aide-soignante a été victime de propos racistes de la part de ses voisins militants RN : » Bonobo ! Va à la niche ! «
À Chatou, des résidents ont reçu des tracts racistes intitulés » Stop aux Blacks à Chatou ! » et Karim, un père de famille, a été agressé par ses voisins : » Vive Zemmour, Vive Jordan Bardella ! » Dans le Tarn-et-Garonne, des tags racistes ont été découverts sur les murs d’une mosquée en construction : » Sales bougnoules, rentrez chez vous. » À La Côte-Saint-André, des tags islamophobes ont été découverts sur les murs d’un parc.
Une situation » alarmante » pour les associations
Avec plus de trente incidents racistes en seulement trois semaines, la situation est alarmante et inhabituelle. Les associations constatent une explosion des agressions racistes verbales et physiques. Dominique Sopo, président de SOS Racisme, déclare : » On sent vraiment qu’avec la montée de l’extrême droite, il y a une explosion des agressions racistes. » Les associations appellent à une réponse forte pour contrer cette vague de haine.
La victoire possible du RN semble avoir libéré une violence raciste qui couvait depuis longtemps. Dans son rapport, la Commission nationale consultative des droits de l’homme rappelle qu’en 2023, la France a connu une augmentation exponentielle des actes racistes. Mais combien de temps encore faudra-t-il attendre avant que des mesures sérieuses ne soient prises pour contrer cette montée de la haine ?