Le » cas par cas » et la » nuance » : de belles excuses pour la confusion
Gabriel Attal a annoncé le désistement des candidat·es Ensemble arrivés troisième là où il y a un risque de victoire du RN, mais uniquement si le·la candidat·e en deuxième position » partage les valeurs de la République « . François Bayrou, quant à lui, évoque des désistements » au cas par cas « , parce que pourquoi pas ? Laurent Hénart parle de » regarder les réserves de voix possibles » comme s’il s’agissait d’une partie de Monopoly. Hervé Marseille, lui, nous rassure en affirmant que » le but, c’est d’empêcher le RN d’avoir une majorité absolue « , en ajoutant qu’il faut » regarder le parcours de chacun « . Bref, tout ce beau monde s’accorde sur une chose : la confusion.
Édouard Philippe et Bruno Le Maire, ces champions de la stratégie politique, ont appelé à un désistement, mais surtout à ne voter ni pour le RN, ni pour LFI. Parce que, apparemment, dans leur monde, l’extrême droite et la gauche radicale, c’est du pareil au même. Certains parlementaires macronistes, un peu plus lucides, ont pris leurs distances avec cette position. Xavier Iacovelli et Clément Beaune, entre autres, appellent à faire barrage partout où le RN menace. Mais apparemment, l’unité n’est pas vraiment leur point fort.
Le » ni RN, ni LFI » : une posture suicidaire
Sur le terrain, les consignes nationales semblent être des suggestions plutôt que des directives. En Charente-Maritime, Anne-Laure Babault refuse de se désister, estimant être » la seule à pouvoir faire face au RN « . Dans les Bouches-du-Rhône, Anne-Laurence Petel préfère rester en lice malgré une légère avance de son rival PS. Clément Tonon en Dordogne ne veut pas abandonner au profit de LFI ou du RN, affirmant que ce serait une trahison de ses engagements politiques. Chacun·e y va de son argument pour justifier son maintien, même si cela implique de jouer avec le feu de l’extrême droite.
Certain·es candidat·es, comme Loïc Signor dans le Val-de-Marne, persistent à se maintenir malgré un retard considérable. Pourquoi ? Pour ne pas laisser les électeurs » orphelins d’un représentant des valeurs républicaines « . D’autres, comme Dominique Faure en Haute-Garonne, estiment que le risque de victoire du RN » n’est pas là » et préfèrent tenter leur chance.
Quelques désistements, mais trop peu, trop tard
Malgré cette confusion, certain·es candidat·es ont fait preuve de sagesse en se retirant, comme Albane Branlant pour éviter une élection du RN au détriment de François Ruffin. D’autres ont tenté de jouer la montre, espérant un retrait de leur adversaire de gauche, mais ont finalement cédé, comme Sylvie Casenave-Péré.
En fin de compte, les candidat·es encore en lice ont jusqu’à mardi 18 heures pour décider de leur sort. Une chose est sûre : la cohérence n’est pas le fort de la Macronie. Et pendant que chacun·e joue sa partition, le RN se frotte les mains en espérant une belle victoire grâce à cette cacophonie orchestrale.