Dossier : semaine “en” quatre jours ou semaine “de” quatre jours ? (partie 3/4 : Le bouclage économique de la semaine de 4 jours)

A l’instar du revenu universel, les détracteurs de la semaine de quatre jours avec maintien du salaire et réduction du temps de travail pointent régulièrement du doigt l’infaisabilité économique d’un tel projet.

Le député européen Paul Larrouturou défend la semaine de quatre jours en s’inspirant des travaux de l’économiste Patrick Artus, qui s’était déjà penché sur la question de sa faisabilité économique en 1993.

Concrètement, passer à la semaine de quatre jours, telle que nous l’avons décrite, implique une baisse générale de la durée de travail. Afin de maintenir une production stable, le fait que les salarié.es passent moins de temps au travail doit être compensé par une hausse du nombre de salarié.es. Paul Larrouturou affirme à ce sujet que “le passage à quatre jours doit s’accompagner de la création d’au moins 10 % d’emplois en CDI.”

Mais comment financer cela ? C’est plus simple qu’il n’y parait : une augmentation du nombre de salarié·es réduira le taux de chômage, diminuant logiquement son coût, permettant alors de réaliser des économies conséquentes. C’est principalement grâce à ces économies qu’il sera possible de financer la hausse du nombre d’emplois et le maintien du salaire des employé·es, malgré la réduction du temps de travail.

Ensuite, en augmentant le nombre d’employé·es dans une entreprise, on augmente mécaniquement le total des cotisations sociales à la charge de l’entreprise. Cela pourrait donner une bonne excuse au patronat pour balayer ce projet social… Mais pas de panique ! Un équilibre sur le sujet de ces cotisations peut être trouvé via une baisse du taux de cotisations sociales. Alors, rassurés les patrons ?

Le coût organisationnel de ce projet est, quant à lui, théoriquement compensé par le fait qu’une baisse de la durée du travail implique la plupart du temps un gain de productivité : en d’autres termes, on est plus reposé, donc moins malade, moins absent, et donc globalement plus efficace.

Comme Macron aime à le dire, “il n’y a pas d’argent magique”. Qu’à cela ne tienne, grâce aux travaux de l’économiste Patrick Artus, pas besoin d’argent magique ! Le modèle économique qu’il propose pour le passage à la semaine de quatre jours est cohérent. Il a lui-même déclaré à ce sujet : “il tient”.

Dans la théorie, oui, mais aussi dans la pratique, comme nous l’avions vu dans la deuxième partie de ce dossier, grâce aux différentes expérimentations réalisées à travers le monde. Voilà une excellente nouvelle, qui devrait permettre à nos sociétés modernes de trouver un rythme plus équilibré pour la santé de toutes et tous, et pour la planète ! Alors pourquoi les élites rechignent-elles à mettre en place ce projet pourtant si prometteur ?

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