En Argentine, les récits de Javier Milei se fracassent sur la réalité de la crise économique

Dans une Argentine en proie à une crise profonde, exacerbée par des mesures d’austérité draconiennes, Javier Milei continue de se présenter comme le sauveur du capitalisme occidental. Pourtant, la réalité économique du pays expose les failles béantes malgré des récits grandiloquents.

Les promesses démesurées de Javier Milei face à une réalité implacable**

Pour la promotion de son nouveau livre, *Capitalismo, socialismo y la trampa neoclasica* ( » Capitalisme, socialisme et le piège néoclassique « ), le président argentin a donné rendez-vous à ses partisans le 22 mai au Luna Park de Buenos Aires. Mais Milei semble vivre dans une bulle, loin de la misère qui s’abat sur les travailleurs et les travailleuses d’Argentine. À chaque discours, il peint un tableau idyllique où l’économie prospère et protège les plus vulnérables, une vision en décalage total avec leurs souffrance quotidienne.

Des proclamations qui cachent une réalité sombre

Dans un entretien récent avec la BBC, Milei a affirmé que ses politiques ne touchaient pas les plus faibles mais visaient la  » caste politique « , tout en prétendant que la situation économique s’améliorait. Il brandit des statistiques sélectionnées avec soin, comme la baisse de l’inflation, pour donner une illusion de succès. En avril 2024, l’inflation est passée sous les 10 % mensuels pour la première fois depuis octobre 2023. Pourtant, cette baisse masque une réalité plus amère : en décembre 2023, l’inflation mensuelle avait atteint un sommet de 25,5 %, et l’inflation annuelle en avril 2024 atteint encore 289,4 %, un niveau sans précédent depuis les épisodes d’hyperinflation des années passées.

Le chiffre de l’inflation mensuelle pourrait continuer de baisser, mais cela n’efface pas l’effet durable de l’inflation passée sur les revenus des ménages. Les salaires réels ont chuté dramatiquement, avec une baisse de 87,1 % sur l’année et de 4,6 % sur le premier trimestre. Même si Javier Milei prétend que les salaires réels commencent à remonter, cette augmentation est insuffisante pour compenser les pertes énormes accumulées, notamment en décembre 2023 où les salaires réels ont chuté de 17 %.

Les travailleurs du secteur informel, représentant 20 % du prolétariat argentin, voient leurs salaires réels reculer de 158,7 % annuellement. Les retraités ne sont pas épargnés non plus, avec une baisse de pouvoir d’achat de 24 % pour les pensions minimales et de 37 % pour les autres sur les quatre premiers mois de l’année.

La récession amplifiée par les politiques de Milei

La baisse de l’inflation est en partie due à l’effondrement de la demande, visible dans la chute des ventes au détail et la récession économique. En avril 2024, malgré une légère augmentation de 1,6 % due aux soldes, les ventes au détail ont reculé de 18,4 % sur les quatre premiers mois de l’année, et de 7,6 % sur un an. Cette récession est le résultat direct des politiques austères de Milei, qui se vante d’avoir réalisé un excédent budgétaire primaire au-delà des exigences du FMI, mais au prix de coupes sévères dans les pensions, la suppression de milliers d’emplois publics et l’arrêt des travaux publics.

La libéralisation des loyers en décembre, saluée par certains économistes, a fait augmenter l’offre de logements de 316 % entre décembre et avril, mais les loyers restent inabordables pour la plupart des Argentins. La demande de logements a diminué de seulement 25 %, et les salaires, n’ayant pas suivi l’inflation, ne permettent pas aux locataires de payer des loyers souvent demandés en dollars.

La politique de « tronçonneuse » atteint ses limites

Les réserves de devises de la banque centrale restent négatives en termes nets, et le gouvernement doit émettre des titres de dette pour compenser. Le FMI ne prévoit pas d’augmenter son aide, laissant l’Argentine dans une position financière précaire.

Les coupes budgétaires drastiques envisagées pourraient plonger l’Argentine dans une spirale récessive, augmentant le chômage et les faillites dans un pays déjà ravagé par la pauvreté. Javier Milei tente d’attirer les capitaux étrangers avec des avantages fiscaux pour les grands investisseurs, une stratégie qui pourrait aggraver les inégalités économiques et sociales.

Une popularité en chute libre

Malgré ses efforts pour se poser en leader de l’Occident contre le socialisme, la réalité économique pourrait bientôt rattraper Javier Milei. La deuxième grève générale du 9 mai, largement ignorée par le pouvoir, montre un mécontentement croissant. Le rideau de fumée de ses proclamations ne résiste pas à l’épreuve du temps.

En Argentine, l’effet Milei se traduit par une augmentation de la pauvreté et des inégalités, et une économie en récession. Les récits grandiloquents du président argentin se heurtent à une réalité économique implacable, révélant l’inefficacité des politiques d’austérité néolibérales.

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