Pendant ce temps, les grandes puissances occidentales continuent de financer la machine de guerre israélienne, tandis que le véritable bilan humain reste largement sous-estimé.
Des chiffres qui dépassent l’entendement
Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 46 000 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre en octobre 2023. Cependant, une enquête approfondie menée par The Lancet révèle que ce chiffre pourrait être bien plus élevé. Entre octobre 2023 et juin 2024, la revue estime qu’entre 55 000 et 78 000 Palestinien·nes ont perdu la vie à cause de lésions traumatiques directes. Ce chiffre n’inclut pas les décès indirects liés à la famine, aux maladies ou à l’effondrement des infrastructures.
Lorsque l’on intègre ces facteurs, les rapports internationaux, comme celui de l’Université Brown (Costs of War), évaluent le bilan à plus de 100 000 morts, tandis que The Lancet avance le chiffre terrifiant de 186 000. Ce dernier inclut les décès causés par le manque d’accès aux soins médicaux, la pénurie alimentaire et les conditions insalubres imposées par les frappes incessantes et le blocus israélien.
Un système de santé décimé
Le ministère de la Santé de Gaza, bien que jugé fiable par les Nations Unies, fait face à des conditions extrêmes. Plus de 10 000 personnes seraient toujours ensevelies sous les décombres, tandis que seuls 16 des 36 hôpitaux de Gaza sont partiellement opérationnels. À cela s’ajoute la destruction de cliniques et d’infrastructures vitales, rendant l’identification et le traitement des victimes pratiquement impossibles.

Emily Tripp, directrice du collectif Airwars, souligne néanmoins la transparence des données fournies par le ministère. » Ils publient des listes de noms en temps réel, ce qui facilite le travail de vérification. Nos comparaisons montrent un haut niveau de corrélation avec nos propres données « , explique-t-elle. Cependant, le chaos sur le terrain complique tout effort de documentation. » Les attaques sur les hôpitaux signifient que beaucoup de noms ne peuvent plus être collectés « , ajoute Zeina Jamaluddine, épidémiologiste à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Une guerre qui dépasse les chiffres officiels
L’armée israélienne revendique avoir tué 17 000 combattants ennemis depuis le début du conflit, mais ces affirmations restent sans preuves tangibles. Benjamin Netanyahu, dans ses interventions, varie ses estimations sur le nombre de civils tués, tout en minimisant systématiquement l’ampleur des pertes humaines. Pourtant, les Nations Unies, qui ont l’habitude de croiser les données du ministère de la Santé de Gaza avec d’autres sources, confirment régulièrement la fiabilité des bilans fournis par les autorités palestiniennes.
En mars 2024, Joe Biden déclarait lors d’une conférence de presse qu’il doutait de la véracité des chiffres des victimes palestiniennes. Pourtant, ce même président a débloqué 17 milliards de dollars pour financer les opérations militaires israéliennes. Une contradiction flagrante, dénoncée par des organisations comme le Council on American-Islamic Relations, qui accusent les États-Unis de complicité active dans le massacre.
Un cessez-le-feu aux contours fragiles
L’accord de cessez-le-feu signé entre Israël et le Hamas met temporairement fin aux hostilités, mais il est loin d’apporter une solution durable. Les premières phases prévoient la libération d’otages et un retrait progressif des troupes israéliennes de Gaza. Cependant, les déclarations ambiguës de Benjamin Netanyahu laissent planer le doute sur l’engagement réel d’Israël à respecter cet accord.
Pendant ce temps, la situation à Gaza reste critique. La destruction des infrastructures, l’effondrement du système de santé et la crise humanitaire font de ce territoire un enfer à ciel ouvert. Les chiffres avancés par The Lancet et d’autres rapports indépendants ne sont qu’un aperçu d’une tragédie humaine qui continue de s’aggraver, sous les yeux du monde entier.
La question demeure : combien de temps encore avant que ce massacre ne devienne insoutenable, même pour ceux qui choisissent aujourd’hui de l’ignorer ?