L’expansion de deux usines aquavore aggrave la crainte d’une pénurie d’eau en Rhône-Alpes. Pendant quatre jours, du 5 au 8 avril 2024, des milliers de manifestants se sont rassemblés sous un cri de ralliement vibrant de simplicité : “de l’eau, pas des puces !”. Un slogan qui frappe par son urgence, surtout en écho au souvenir de la sécheresse de 2022, quand Emmanuel Macron, ni une ni deux, annonçait l’agrandissement de l’usine ST Microelectronics à Crolles et injectait 2,9 milliards d’euros d’argent public dans cette entreprise gourmande en eau.
De l’eau pour qui ? Pour quoi ?
Les restrictions d’eau frappaient durement les habitants et agriculteurs locaux, tandis que ces mastodontes technologiques bénéficiaient d’un laissez-passer pour consommer sans compter. La contradiction est flagrante : d’un côté, une population assoiffée, de l’autre, des usines voraces exemptées de toute modération.
La mobilisation de STopMicro s’inscrit dans une lutte plus large pour la justice hydrique, rappelant d’autres combats écologistes à travers le pays. François Jarrige, lors de sa conférence, a peint le tableau d’un capitalisme historiquement assoiffé, toujours prêt à sacrifier l’eau au nom du progrès industriel.
L’ironie des puces
Ces usines, parmi les plus énergivores, servent une clientèle de géants tels qu’Apple et Tesla, mais produisent également pour l’industrie militaire. Des drones kamikazes utilisés sur les fronts de guerre portent la signature technologique de ST Micro, une réalité peu reluisante dissimulée derrière la façade des gadgets domestiques intelligents.
Un week-end de résistance
Le week-end du 5 avril a vu Grenoble se transformer en un théâtre de résistance vivant et coloré. Des milliers ont marché, chanté et brandi des banderoles, faisant écho aux enjeux globaux de l’accès à l’eau. À Crolles, des visites des usines ont permis de mesurer l’empreinte de ces géants, tandis que des tables rondes envisageaient des futurs plus durables.
L’avenir de l’eau à Grenoble
Le lundi suivant, l’action s’est intensifiée avec un blocage des accès à la presqu’île scientifique. Le message était clair : arrêter le pillage des ressources naturelles par une industrie déconnectée des réalités écologiques. Pour STopMicro et ses soutiens, il ne s’agit pas seulement de l’eau, mais de repenser radicalement notre rapport à la technologie et à l’environnement. Un combat, peut-être, à la mesure de l’eau qu’ils cherchent à protéger.