Mais pourquoi ces bâtiments sont-ils dans cet état ? Pourquoi ne les répare-t-on pas ? Comment font-ils pour durer ? Vont-ils tomber? Qui y vit? Mais que se passe-t-il à Prosfygika ?
Le quartier de Prosfygika, sur l’avenue Alexandras, à Athènes, s’est vidé à la fin des années 90 après l’attaque de l’État et les plans de démolition des bâtiments de l’époque.
Les gens, paniqués face à la machine étatique « toute puissante », l’ont abandonné petit à petit avec des compensations minimes.
Bientôt, il a commencé à être occupé par des personnes qui ont commencé à entretenir les maisons à l’intérieur mais n’ont pas pu intervenir sur les façades des bâtiments, car ils ont été désignés comme monuments historiques préservés et récents (2003, 2009).
Depuis 2010, cette mosaïque de personnes « d’en bas », issues de différents milieux culturels, religieux et politiques, créant une communauté avec de nombreuses structures et infrastructures. Dans cette communauté, les gens vivent ensemble, prennent soin les uns des autres et tentent de résoudre leurs problèmes par eux-mêmes, sans la présence de l’État, du gouvernement ou de la société civile, formant ainsi un quartier d’espoir et de résistance.
Un quartier qui vient de l’avenir et prouve que l’existence d’une communauté auto-organisée au centre d’une métropole européenne est possible, ouvrant une perspective basée sur la solidarité, le respect mutuel et la dignité, sans hiérarchie, mais avec une prise de décision commune et la responsabilité de leurs vies.
Une communauté participant aux luttes locales et internationales, reconnaissant que la lutte est commune. Ce dont certains pourraient rêver pour la société et son organisation, ce que nous appelons de la “fantaisie”, est déjà en train de se produire dans ce quartier, non pas comme quelque chose de complet et d’achevé, mais comme un processus qui se déroule, ici et maintenant.
Dans la communauté de Prosfygika, environ 27 nationalités différentes vivent, parlent différentes langues, croient en différentes religions ou n’en croient aucune, ont des cultures différentes, et par le biais d’assemblées, ils prennent des décisions sur tous les problèmes, ils discutent, se mettent d’accord et collaborent pour atteindre leurs objectifs communs et adopter une perspective commune, ainsi que pour résoudre les problèmes simples de la vie quotidienne.
Prosfygika est aujourd’hui plus menacé que jamais, que ce soit en raison des projets de « double transformation » avec le stade du Panathinaikos, ou de l’embourgeoisement et du développement de la zone en général. La violence des élites économiques et des États est sans limite, car leur avidité de profits est implacable, dévorant les terres, les plages, les parcs, les collines et les maisons. Ils pillent tout ce qui peut leur rapporter et attaquent tout ce qui peut résister à leurs plans – presque tous les squats du pays ont été évacués.
Prosfygika combine les deux : c’est à la fois une terre d’exploitation économique et un centre de luttes. C’est un « double Act ».
Néanmoins, la communauté résiste fermement et continue à se développer et à créer constamment de nouvelles structures. Elle poursuit son combat sur tous les fronts et continue d’organiser et de défendre chaque centimètre de sa terre libérée et chaque idée, chaque attente, chaque perspective construite à travers les assemblées, les discussions, le travail collectif, en accompagnant les angoisses du lendemain, et les luttes corps à corps contre les forces d’oppression.
Récemment, un comité de solidarité a été formé pour soutenir leur lutte, avec pour tâche principale de création et la promotion de la campagne #saveprosfygika. Cette campagne vise à soutenir le véritable sauvetage de Prosfygika, à la fois en tant que bâtiments et en tant que communauté avec ses habitants, mais aussi pour préserver la mémoire historique que le pouvoir a si éhontément dégradée et bafouée au fil du temps.
Iels appellent les collectifs de juristes, d’urbanistes, d’ingénieurs, d’architectes, d’archéologues, d’ingénieurs civils, de cinéastes, et de toute spécialisation pouvant contribuer à notre lutte, à soutenir le comité.
email : saveprosfygika@protonmail.com www.saveprosfygika.gr fb : Save Prosfygika