Une enquête tumultueuse, des vérités amères
Après plus de 80 heures d’auditions et de bras de fer avec les députés du camp présidentiel, ce rapport met en lumière la réalité désolante d’un paysage médiatique façonné pour servir des intérêts politiques douteux. La commission a été marquée par des échanges houleux et des affrontements verbaux. Le député insoumis et rapporteur de la commission, Aurélien Saintoul, a dû lutter contre la résistance farouche des députés macronistes, déterminés à édulcorer les conclusions du rapport. Ces derniers ont finalement accepté le rapport, non sans exiger le retrait de dix-neuf propositions qu’ils jugeaient trop « audacieuses ».
L’objectif de cette commission était clair : démontrer que les groupes audiovisuels privés, comme ceux appartenant à Vincent Bolloré, ne sont pas les propriétaires légitimes des fréquences hertziennes qu’ils exploitent et qu’ils ont des obligations envers le public. Saintoul a voulu rappeler que la libéralisation de l’audiovisuel, consacrée par la loi de 1986, a des conséquences néfastes sur la qualité de l’information et des programmes diffusés.
Des preuves accablantes contre les médias Bolloré
Les auditions ont confirmé sans équivoque que les médias de Vincent Bolloré servent une entreprise politique et idéologique. Des personnalités respectées, comme l’économiste des médias Patrick Eveno, ont décrit comment Bolloré utilise ses médias pour propager une certaine idéologie, au mépris des pertes financières. Eveno a qualifié cette stratégie de « prise en main idéologique », soulignant que des investisseurs ordinaires auraient depuis longtemps fermé ces entreprises déficitaires.
La commission a également mis en lumière les faiblesses de l’Arcom, l’autorité de régulation audiovisuelle, souvent impuissante face aux dérives de CNews et de C8, deux chaînes de Bolloré. Les manœuvres de contournement des règles et la transgression systématique par ces chaînes ont montré la nécessité de renforcer les pouvoirs de l’Arcom. Les sanctions actuelles sont insuffisantes pour dissuader les violations répétées des normes de pluralisme et d’indépendance éditoriale.
La complicité flagrante des macronistes avec l’extrême droite
Saintoul a souligné la manière dont la commission a révélé les collusions entre le gouvernement Macron et l’extrême droite. Les députés Renaissance, souvent alliés aux fachos, ont montré à quel point ils sont prêts à tout pour maintenir le statu quo. Les apparitions régulières des ministres et des députés macronistes sur les plateaux de CNews en sont la preuve éclatante. Ces comportements révèlent non seulement un glissement dangereux vers le lepénisme mais surtout une dérive fasciste de la Macronie.
L’enquête a également exposé le manque de représentation des classes populaires à la télévision. Saintoul a pointé le décalage criant entre la réalité sociale et sa représentation médiatique, où les classes populaires sont souvent ridiculisées et marginalisées. Les réponses des producteurs, comme Alexia Laroche-Joubert, qui prétendent que des émissions comme « Koh-Lanta » ou « Miss France » représentent les classes populaires, sont révélatrices de l’ignorance ou du mépris de l’industrie pour ces enjeux. Bien que le rapport de Saintoul ne soit pas révolutionnaire, il propose des réformes cruciales pour améliorer la régulation et l’équité dans le paysage médiatique français. Les propositions incluent des mesures pour renforcer l’indépendance des rédactions et assurer une représentation plus fidèle et respectueuse de toutes les composantes de la société française.