En 2023, 733,4 millions de personnes étaient chroniquement sous-alimentées. Ouais, vous avez bien lu, 733,4 millions. C’est 36% de plus qu’il y a dix ans. Tout ça pendant que les gros bonnets se gavent. Les Objectifs de développement durable de l’ONU, avec leur fameux » faim zéro » pour 2030, on peut les jeter à la poubelle. Pauline Verrière d’Action contre la faim n’hésite pas à parler d’un » aveu d’échec terrible « . Et elle a bien raison.
Des inégalités flagrantes
La faim touche 2,3 milliards de personnes. Imaginez, presque un tiers de la population mondiale ne peut pas se se substenter décemment. L’insécurité alimentaire modérée et sévère touche 28,9% de la population mondiale. En Afrique, la situation est encore plus catastrophique. En Afrique centrale et de l’Ouest, la faim a explosé avec une inflation moyenne de 12% en 2023, atteignant des pics de 25% au Nigeria, 38% au Ghana et 47% au Sierra Leone.
Le réchauffement climatique vient enfoncer le clou. Les sols se dégradent, l’accès à l’eau devient de plus en plus difficile, et la productivité agricole chute. Les politiques sont là à faire des discours, mais sur le terrain, rien ne bouge vraiment. En Amérique latine, on voit quelques progrès, mais c’est loin d’être suffisant. Lula a relancé des aides sociales au Brésil, et tant mieux pour les 13 millions de Brésilien·nes qui sortent un peu de la sous-alimentation. Mais ailleurs, c’est toujours la galère.
Une hypocrisie sans nom
Olivier De Schutter, de l’ONU, lance un appel désespéré : » Construire des systèmes alimentaires résilients face au climat est maintenant une affaire de vie ou de mort. » Mais qui l’écoute vraiment ? Les grandes puissances sont trop occupées à protéger leurs intérêts. Et pendant ce temps, les chiffres de la malnutrition continuent de grimper. La proportion d’enfants allaités progresse lentement de 37,1% en 2012 à 48% en 2022, mais on est encore loin des 70% visés pour 2030. Et l’obésité adulte est passée de 12,1% en 2012 à 15,8% en 2022, aggravant ce qu’on appelle le » double fardeau de la malnutrition « . Un tiers des femmes de 15 à 49 ans souffrent d’anémie, et ça va empirer.
Le Brésil veut lancer une » alliance mondiale contre la faim » lors du sommet du G20. C’est bien joli, mais Pauline Verrière rappelle que cette initiative se fait en marge des instances onusiennes. Une manœuvre pour détourner l’attention du vrai problème : l’échec lamentable des agences de l’ONU et des gouvernements à régler la crise alimentaire mondiale. Encore une fois, ce sont les vingt plus grandes puissances mondiales qui vont jouer les donneurs de leçons, alors qu’elles sont en grande partie responsables de ce désastre.
La faim dans le monde reste un fléau que les puissants préfèrent ignorer. Tant que les décisions seront prises par ceux qui ne comprennent pas la réalité du terrain, les choses ne feront qu’empirer.