L’art de l’esquive de Rachida Dati

En ce 7 mai, Rachida Dati, notre illustre ministre de la culture, se livre à une nouvelle pirouette juridique dans l’espoir d’échapper à la justice dans l’affaire Ghosn, où elle est embourbée jusqu’au cou. Mise en examen depuis juillet 2021 pour une série de chefs d’accusation assez éloquents – « corruption passive », « trafic d’influence passif », « recel d’abus de pouvoir », et « recel d’abus de confiance » –, elle tente de faire invalider la procédure en invoquant la prescription. Une tactique de diversion typique de celle qui voudrait nous faire croire qu’elle combat un système alors qu’elle en incarne en réalité les travers les plus sombres.

Un débat autour de la prescription, un classique de l’obstruction

La défense de Dati, et de ses avocats Olivier Pardo et Olivier Baratelli, va plaider que la prescription est déjà effective, en s’appuyant sur des « éléments nouveaux ». Mais ne soyons pas dupes, cette manoeuvre est aussi transparente que désespérée. Ces soi-disant nouvelles preuves ne sont que des leurres destinés à éblouir une chambre d’instruction qui, espérons-le, ne tombera pas dans le panneau.

Un labyrinthe de procédures pour éviter les réponses

Dans son labyrinthe judiciaire, Dati ne s’est pas contentée de cette seule esquive. Ses avocats ont créé un véritable feu d’artifice procédural : demandes d’actes, requêtes en nullité, et même une Question Prioritaire de Constitutionnalité. Tout est bon pour retarder l’inévitable. Mais ce tourbillon juridique ne devrait pas occulter l’essentiel : l’opacité de ses actions et les sommes astronomiques en jeu, 900 000 euros pour des services dont nul, hormis peut-être le fantôme de Ghosn, ne semble avoir été témoin.

Les zones d’ombre s’accumulent, la défense se débat

Les investigations peinent à trouver trace des prestations de Dati, pas plus qu’elles ne parviennent à justifier le montant exorbitant de ses honoraires. La défense de Dati argue d’une expertise politique et diplomatique, mais depuis quand ces talents justifient-ils de tels montants versés par une filiale aussi opaque que Renault-Nissan BV ?

Dati contre-attaque, mais le spectre d’un procès plane

Dans une dernière contre-attaque, Dati vise désormais Jean-Dominique Senard, président de Renault, l’accusant de tous les maux et tentant même de le traîner en justice pour « entrave à la justice ». Une stratégie audacieuse, ou risible, c’est selon, tragiquement révélatrice de la panique qui s’empare d’une ministre acculée.

La culture du déni et du détournement

Ce que nous devons retenir de cette saga judiciaire, c’est la capacité de Dati à transformer son procès en une arène où les faits sont secondaires, éclipsés par des manœuvres dilatoires. Elle prétend lutter contre un prétendu « système », mais n’est-elle pas elle-même le produit le plus achevé de ce qu’elle dénonce ? Pendant ce temps, la culture et l’intégrité politique continuent de payer le prix de ces distractions.

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