Avec la dernière annonce du Premier ministre Gabriel Attal, d’une “réforme globale” prévue pour cet automne, il semble que l’heure soit à l’escalade dans cette croisade contre les chômeurs. Sous couvert de dynamiser un marché de l’emploi figé, le gouvernement d’Emmanuel Macron mène une politique d’austérité déguisée, qui écorne systématiquement les droits des plus vulnérables.
Depuis 2017, les réformes successives de l’assurance-chômage ressemblent à une série de coups bas portés aux travailleurs précaires. La première salve a été tirée avec la fin du modèle assurantiel, un pas de danse fiscal pour déconnecter les droits des chômeurs de leurs cotisations. Suivent ensuite des mesures d’un cynisme achevé : allongement de la durée de travail nécessaire pour prétendre à des droits, sanctions renforcées pour ceux osant manquer un rendez-vous à Pôle emploi, et un calcul d’allocations modifié pour mieux pénaliser ceux qui cumulent précarité et périodes de chômage.
Et que dire de la dégressivité des allocations pour les hauts revenus ? Une mesure présentée comme une juste contribution des plus aisés, mais qui semble surtout destinée à masquer le durcissement des conditions pour tous les autres. Quant à l’ouverture des droits aux salariés démissionnaires et aux indépendants, on frôle la plaisanterie de mauvais goût avec des dispositifs si restrictifs qu’ils sont à peine utilisés.
L’approche du gouvernement, avec sa myopie économique chronique, transforme l’assurance-chômage en une sorte de parcours du combattant, où le chômeur est systématiquement suspecté de tirer au flanc. L’obsession de réduire le déficit public et de forcer une reprise d’emploi aux caractéristiques floues conduit à une stigmatisation constante des demandeurs d’emploi. Ces derniers, déjà victimes d’un marché du travail capricieux, se retrouvent ainsi doublement pénalisés.
Face à cette politique punitive, les réactions des syndicats et des défenseurs des droits des travailleurs oscillent entre colère et désarroi. Ces derniers pointent du doigt une stratégie gouvernementale qui, sous prétexte de réformes, semble surtout s’acharner sur les plus vulnérables.
Dans ce tableau peu reluisant, la nouvelle réforme annoncée par Gabriel Attal ne présage rien qui puisse redorer le blason d’un système déjà fortement ébranlé. Les contours précis de cette réforme restent flous, mais le passé récent ne laisse entrevoir aucune lueur d’espoir pour un renforcement des droits des chômeurs. La France, obstinée dans sa chasse aux déficits, semble prête à sacrifier la cohésion sociale sur l’autel d’une rigueur économique qui oublie trop souvent l’humain.