Nestlé dans la tourmente : La qualité sanitaire de ses eaux en question

L’industrie de l’eau en bouteille, dominée par le géant Nestlé, est au cœur d’une controverse sanitaire majeure. Des révélations choquantes de franceinfo, basées sur une expertise de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), ont mis en lumière de sérieux doutes quant à la “qualité sanitaire des produits finis” de marques emblématiques comme Hépar, Perrier, Vittel et Contrex. Face à ces inquiétudes, Nestlé, fidèle à sa ligne de défense, a maintenu que la “sécurité sanitaire de nos produits a toujours été garantie”. Mais les récentes découvertes suggèrent un tableau bien différent.

La situation a pris une tournure plus grave avec la divulgation d’un rapport d’octobre 2023 par l’Anses, réalisé pour le compte du ministère de la Santé. Les conclusions des experts, fondées sur des informations “tronquées et parcellaires”, ont révélé un “niveau de confiance insuffisant” pour garantir la sécurité sanitaire des eaux embouteillées par Nestlé. Ce rapport a été sollicité par les agences régionales de santé Grand Est et Occitanie, les régions où Nestlé possède ses principales usines d’embouteillage en France.

Les sources d’eau destinées à la production des marques phares de Nestlé présentent des contaminations microbiologiques et chimiques récurrentes, dépassant régulièrement les seuils réglementaires fixés pour les eaux minérales naturelles. La présence de contaminants fécaux, de Pfas (polluants éternels utilisés massivement par l’industrie), et de résidus de pesticides est particulièrement alarmante.

Cette situation pose un dilemme crucial pour Nestlé. D’un côté, l’utilisation de traitements non conformes à la réglementation européenne sur les eaux minérales naturelles pour purifier l’eau remet en question la légitimité de l’appellation de ses produits. De l’autre, le retrait de ces traitements essentiels à la désinfection menace la qualité sanitaire des eaux. C’est une impasse réglementaire et sanitaire pour Nestlé.

Le gouvernement, déjà mis en garde en juillet 2022 par un rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas), est à nouveau interpellé sur les risques sanitaires potentiels associés aux eaux de Nestlé. L’Igas avait exprimé des réserves quant à la “parfaite maîtrise du risque sanitaire”, en particulier microbiologique, des eaux de Nestlé.

Nestlé assure avoir cessé d’utiliser les autres moyens de purification illicites, mais continue d’employer des micro-filtres interdits. La question cruciale demeure : peut-on toujours considérer les eaux de Nestlé comme des “eaux minérales naturelles” selon les standards réglementaires, tout en garantissant leur qualité sanitaire ?

Nous suivre