la félonie est le contraire de la loyauté
La Nouvelle Calédonie est une colonie francaise depuis 1853. Les populations autochtones n’ont jamais été les dociles indigènes que la France aurait aimé rencontrer pour y installer ses bagnes, ses activités agricoles, minières.
Dans les années 80, la lutte pour l’indépendance prend la forme d’affrontements contre les loyalistes et s’achève par le drame de Fayahoue. Dans un état de guerre, la France met autour de la table les 2 parties et c’est ainsi que Lafleur et Djibaou signent les accords de Nouméa en 1988. Chacun a mis de l’eau dans son vin : les indépendantistes posent les armes, les loyalistes sont contraints d’abandonner leurs privilèges économiques (« rééquilibrage »).
Tout est à faire dans une île où la moitié autochtone de la population n’accède que de façon anecdotique aux « bienfaits » de la République. A l’ouverture de la faculté de droit à Nouméa l’amphi compte 3 Kanaks sur 80 étudiants. A Nouméa, on vit dans un apartheid à peine maquillé et seuls quelques rares ethnologues (Leenhardt et les époux Metais) se sont penchés sur les modes de vie kanaks qui s’effritent déjà irrémédiablement.
L’accord de Nouméa mène en 1998 à l’adoption par les mêmes signataires politiques d’un nouveau statut pour la Nc : le territoire est organisé en 3 provinces dont sont issus les élus d’un Congrès (assemblée de NC) qui désigne un gouvernement. La France conserve les prérogatives minimum et la NC est dotée de la spécialité législative : lorsqu’une loi ressortissant à ses domaines de compétence est adoptée en France, elle peut décider ou non de l’adopter pour son territoire. Mais surtout, est institué un corps électoral calédonien : seuls les natifs ou les personnes résidant depuis 10 ans sur l’île peuvent voter aux élections locales et aux referendum d’autotermination prévus à intervales réguliers. En l’état de la population d’alors les Kanaks représentent 40% de la population, les Européens également 40%. Les 20% restant sont constitués de populations venant du Pacifique ou d’Asie.
En 2007, Chirac gèle le corps électoral en supprimant les 10 ans glissants pour obtenir le droit de vote. Il est évident qu’il était facile pour les loyalistes d’attirer de France ou d’ailleurs de nouveaux électeurs acquis à leur cause avec l’aide généreuse que l’Etat dilapide sur l’île : aides directes, majoration des retraites, subventions, defiscalisations, etc.
Ces règles du jeu étaient acceptées de tous et aurait dû permettre que le processus démocratique fasse son chemin au gré des convictions de chacun et de la natalité. C’était sans compter sur ce felon de gouvernement français qui vient de décider de reporter les élections provinciales pour avoir le temps d’adopter une réforme constitutionnelle ouvrant le corps électoral de NC à tous ses résidents.
Cédant aux pressions des non indépendantistes qui ne disposent plus d’une majorité si confortable au Congrès, l’Etat français trahit sa position de neutralité dans le processus de décolonisation initié il y a plus de 30 ans. Il faut dire que les relations entre le gouvernement et la droite calédonienne sont devenues plus que poreuses : Sonia Backes (représentante LR en Nouvelle Calédonie) était secrétaire d’Etat à la citoyenneté sous Borne. Assez ironique d’être chargée de cette citoyenneté quand on dénie ouvertement la légitimité des élus indépendantistes.