PFAS, le poison invisible : l’eau de nos villes dépasse largement les seuils de toxicité

Les « polluants éternels » PFAS contaminent l’eau potable des Français à des niveaux effarants. Tandis que des ONG tirent la sonnette d’alarme, les autorités regarde ailleurs face à ce désastre sanitaire.

L’eau potable en France est sous la coupe des PFAS, ces  » polluants éternels  » qui n’ont rien d’éphémère. Deux campagnes d’analyse, menées par UFC-Que choisir, Générations futures et le laboratoire Eurofins, révèlent une contamination généralisée et alarmante. On parle ici d’acide trifluoroacétique (TFA), un sous-produit toxique issu de pesticides et autres joyeusetés chimiques. Résultat : 66 % des échantillons prélevés affichent des taux supérieurs aux normes. Et à Paris ? 62 fois le seuil autorisé dans certains arrondissements.

À Moussac (Gard), on grimpe jusqu’à 13 000 ng/L, un record lié à une usine de Solvay. Pas mieux à Nantes, Metz ou Palaiseau, où les concentrations explosent les plafonds tolérés. Mais au lieu d’agir, la Direction générale de la santé rehausse discrètement les seuils acceptables, les poussant à des valeurs absurdes comme 60 000 ng/L. Pendant ce temps, l’eau continue de charrier des doses massives de TFA directement dans nos verres.

Les PFAS ne se contentent pas de polluer l’eau : ils s’incrustent dans les sols, les plantes, et même dans le sang humain. Hans Peter Arp, chimiste environnemental, avertit que ces concentrations vont s’aggraver si rien n’est fait. Selon lui, seule une interdiction stricte de ces substances pourrait limiter les dégâts.

Les associations appellent à un sursaut. UFC-Que choisir et Générations futures exigent des normes plus strictes, des contrôles renforcés pour les industriels, et une interdiction immédiate des 37 pesticides PFAS encore autorisés en Europe. Une proposition de loi sera discutée le 20 février, mais entre les lobbies et l’inaction des décideurs, le doute est permis.

Ce scandale n’est pas qu’un problème technique : c’est une guerre silencieuse menée contre notre santé au profit des géants de l’industrie chimique. Une chose est claire : si personne ne bouge, on continuera à boire, respirer, et vivre dans un océan de poison.

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