Il y a des doublures qui volent la vedette. Bruno Retailleau, en bon disciple des grandes heures réactionnaires, n’a rien d’un figurant. Depuis son arrivée Place Beauvau, il peaufine son rôle : faire du programme lepéniste un programme gouvernemental. En une semaine à peine, le ministre de l’Intérieur a multiplié les provocations pour prouver qu’il peut jouer dans la même cour qu’un Zemmour ou une Le Pen.
Statistiques ethniques, coup de filet sur l’immigration, accolades suspectes avec des figures identitaires comme Alice Cordier… Retailleau ne se contente pas de singer l’extrême droite, il agit en artisan actif de sa vision. Le clou du spectacle ? L’abrogation de la circulaire Valls, rendant l’accès au titre de séjour quasi impossible. Désormais, les régularisations se feront « au compte-gouttes ». Comprendre : bienvenue dans la chasse aux invisibles.
Mais Retailleau ne s’arrête pas là. En bon pyromane, il enflamme aussi la scène diplomatique en jouant les va-t-en-guerre avec l’Algérie. À force de surenchère identitaire, il redessine un ministère de l’Intérieur au service de l’exclusion et du populisme.
Pourtant, derrière ses coups de menton se cachent des chiffres modestes : les régularisations ont à peine augmenté de 0,3 % en 2023. Un « populisme crasse », comme le qualifie Sacha Houlié, député de la majorité, qui met à mal les fondements même d’un libéralisme inclusif.
Et pour quoi ? Pour se rapprocher d’un électorat d’extrême droite qui pourrait bien, à terme, préférer l’original à la copie. Mais en attendant, Retailleau bombe le torse, certain d’avoir gagné la bataille symbolique.