Portraits : Thomas Sankara, ou comment s’affranchir de la tutelle blanche (Partie 1/3)

« Nous gardons notre misère, nous acceptons de nous reconnaître comme tels, mais nous nous imposons de lutter contre cela, contre cette situation, parce que rien n’est immuable. »

Une popularité croissante dans un contexte insurrectionnel

La Haute-Volta (ancien nom du Burkina Faso) est un pays d’Afrique de l’Ouest qui obtiendra son indépendance de la France en 1960. Après cela, les putschs militaires s’enchaineront, dans un contexte insurrectionnel. Le pays sera alors particulièrement instable, et en proie au pouvoir de l’armée.

Sankara est à l’époque un jeune militaire parti à Madagascar pour étudier les sciences politiques et économiques, ainsi que les politiques agricoles. Durant ce voyage, il discutera notamment avec des professeur·es et étudiant·es lui apportant une vision différente, lui permettant de sortir du prisme du colonialisme français. Il assiste en particulier à la révolution étudiante et ouvrière de 1972 à Madagascar.

A son retour en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), il devient de plus en plus populaire au sein de l’armée du pays, se faisant le porte-parole des difficultés éprouvés par les soldats : fatigue, manque d’équipement, etc.

C’est cette popularité qui lui fera peu à peu grimper les échelons, au sein de l’armée, d’une part, mais également parmi la population civile. De plus en plus populaire, les différents pouvoirs en place essayeront alors de l’avoir à leurs côtés.

Ses débuts en politique et son arrivée au pouvoir

Acceptant en 1981 de devenir membre du gouvernement du colonel Saye Zerbo, Sankara démissionnera rapidement en constatant la violente répression subie par la population civile. En réaction à la suppression du droit de grève, il déclarera : « Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple ». Il deviendra plus tard Premier Ministre du gouvernement de Jean-Baptiste Ouédraogo.

Déjà à l’époque, il cherchera à lutter contre la bourgeoisie, les inégalités, et contre la dépendance du pays envers la France. Il prendra notamment part à certains mouvements communistes, en fondant par exemple le Regroupement des Officiers Communistes (ROC).

On l’arrêtera en 1983, et il sera placé en résidence surveillée, pour des raisons incertaines mais probablement idéologiques. C’est dans ce contexte qu’éclatera un coup d’Etat, initié en partie par son ami Blaise Compaoré, mais également porté par la population civile. Le coup d’Etat aboutira avec succès : le président Ouédraogo sera renversé, permettant la libération de Thomas Sankara, qui prendra alors le pouvoir.

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