Réforme de l’assurance-chômage : le groupe LIOT contre-attaque avec une proposition de loi

La guerre sociale va faire de nouveaux rage au Parlement. Alors que le gouvernement tente de durcir les conditions d’indemnisation des chômeurs, le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), une fois n’est pas coutume, passe à l’offensive. Soutenus par les cinq principaux syndicats, ils dévoilent une proposition de loi pour contrer cette réforme brutale.

Le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) se dresse contre le projet du gouvernement visant à durcir les conditions de prise en charge des chômeurs. Ce mardi 21 mai, lors d’une conférence de presse, les députés LIOT ont dévoilé leur contre-offensive : une proposition de loi soutenue par les cinq principaux syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO). L’objectif est clair : protéger le modèle d’indemnisation des demandeurs d’emploi et stopper la machine gouvernementale qui veut imposer des règles plus strictes dès le 1er juillet.

La riposte se prépare

“Cette proposition est née quand nous avons découvert que le gouvernement voulait encore toucher à l’assurance-chômage, malgré les dispositions votées en décembre 2022”, explique Bertrand Pancher, président du groupe LIOT. Il rappelle la loi pour le plein-emploi qui avait introduit la “contracyclicité” de l’assurance-chômage : resserrer les critères quand l’économie va bien, les assouplir quand elle se détériore. Aujourd’hui, le gouvernement veut encore durcir les choses par décret, en pleine stagnation du chômage. Une incohérence que M. Pancher ne manque pas de fustiger.

Le texte de LIOT vise également à abolir le “document de cadrage” gouvernemental instauré en 2018, qui impose des directives aux négociations entre syndicats et patronat sur les normes du régime d’indemnisation. Pancher propose de le remplacer par un “document d’orientation” moins contraignant, afin de revenir au paritarisme originel de notre modèle social.

Faire œuvre utile

Pour Martine Froger, députée LIOT de l’Ariège, “le gouvernement doit comprendre qu’il ne peut pas tout décider seul”. Elle rappelle que les partenaires sociaux avaient trouvé un accord en novembre 2023 : “La logique voudrait qu’on le respecte.” Les syndicats, solidaires de cette initiative, espèrent qu’un débat au Parlement éclairera les citoyens sur les vraies motivations du gouvernement.

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, soutient cette démarche pour “mettre au jour les vraies raisons du projet de l’exécutif et faire connaître la réalité vécue par les demandeurs d’emploi”. Sophie Binet, dirigeante de la CGT, appelle tous les parlementaires à voter ce texte, dénonçant un projet “parfaitement injustifié et d’une extrême violence”. Elle y voit un “enjeu démocratique”, permettant à la représentation nationale de s’emparer d’un sujet confisqué par le gouvernement.

Frédéric Souillot de FO se rappelle que c’est le groupe LIOT qui avait déposé une motion de censure contre la réforme des retraites, démontrant une cohérence qui résonne avec les luttes syndicales actuelles.

Appuyer là où ça fait mal

Pour François Hommeril, président de la CFE-CGC, cette action commune est logique : “Les syndicats sont les représentants d’un dialogue social confisqué par le gouvernement, tandis que le groupe LIOT défend un dialogue parlementaire entravé.” Le texte sera examiné en séance publique le 13 juin, après un débat en commission des affaires sociales. Il pourrait bien rallier un soutien large à l’Hémicycle. Stéphane Viry, député Les Républicains des Vosges, voit dans cette proposition “la remise de la démocratie sociale au cœur des choses”. La gauche, quant à elle, partage cette vision. Arthur Delaporte du PS estime que “le texte appuie là où ça fait mal”, tandis que Pierre Dharréville (PCF) et Eva Sas (EELV) y voient un moyen de résister à l’unilatéralisme gouvernemental.

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