Derrière cette façade « écolo-coup-de-poing », se cachent des liens ambigus avec des mouvances réactionnaires et des idées qui flirtent dangereusement avec l’extrême droite.
Une radicalité de façade
Ce qui plaît chez Sea Shepherd, c’est leur côté action directe. Pas de blabla, des bateaux qui foncent sur les thoniers, des abordages spectaculaires… un élan bien loin de l’écologie institutionnelle perçue comme molle et bureaucratique. Mais cette image radicale séduit surtout ceux qui ne s’embarrassent pas de poser des questions sur le fond politique de l’organisation.
Car si la forme impressionne, elle ne suffit pas à en faire des camarades de lutte. Il ne suffit pas d’être « contre les méchants » pour être du bon côté. L’article rappelle que trop souvent, l’extrême gauche diffuse des images d’émeutes ou de violence sans vérifier qui en est l’auteur : des militants sincères ou des fachos camouflés ? Même problème avec Sea Shepherd : un coup d’éclat suffit à séduire ceux qui refusent de regarder d’un peu plus près.
Des soutiens peu fréquentables
En juin 2015, des journalistes dénonçaient la présence massive de néonazis parmi les soutiens de Sea Shepherd sur les réseaux sociaux. Certes, l’organisation n’est pas directement responsable de ses fans, mais ces sympathies ne sont pas un hasard. Sea Shepherd attire une frange de l’extrême droite qui adore son discours purement apolitique, centré sur la « nature » et la « conservation », des thèmes souvent récupérés par des mouvances réactionnaires, voire fascistes.
En France, le lien avec les Colibris de Pierre Rabhi est particulièrement dérangeant. Rabhi, gourou d’une écologie mystico-conservatrice, cultive un imaginaire où l’homme doit se soumettre à un ordre naturel, tout en évitant soigneusement de critiquer le capitalisme. Ce genre d’alliances devrait suffire à poser question.
Paul Watson : le « Capitaine » aux idées douteuses
Impossible de parler de Sea Shepherd sans évoquer son chef charismatique, Paul Watson. Vénéré par ses partisans, Watson cultive une image de héros solitaire, mais son parcours et ses idées sont loin d’être anodins. Éjecté de Greenpeace pour ses positions trop violentes et son caractère autoritaire, il fonde Sea Shepherd en 1977 et impose sa vision : une écologie militaire, basée sur l’action et le culte du chef.
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Watson ne cache pas ses liens avec David Foreman, un écologiste malthusien pour qui la surpopulation est le principal ennemi de la planète. Dans la pratique, cette obsession démographique se traduit par une lutte acharnée contre l’immigration, accusée d’être la source de tous les maux environnementaux. Watson partage cette vision : il appelle à « stabiliser la population » en réduisant drastiquement l’immigration, notamment aux États-Unis, tout en refusant de remettre en cause les causes économiques et sociales qui forcent les populations à fuir leurs pays.
Pour Watson, l’humanité est le problème. Ses « solutions » incluent des mesures dignes d’un contrôle social autoritaire : seules les personnes capables de prouver leur capacité financière devraient avoir le droit de se reproduire. Une vision purement élitiste et réactionnaire, loin de toute critique anticapitaliste.
De la collaboration avec des NeoNazi a un sexisme assumé
Au-delà de son discours, Watson utilise l’image des femmes comme outil de communication. Photos glamour, campagnes mettant en avant des figures féminines « belles et douces », trimarans décorés dans un style hyper-sexualisé… Sea Shepherd participe à la marchandisation des corps féminins, en contradiction totale avec les valeurs égalitaires que l’on est en droit d’attendre d’une organisation progressiste.
On peut aussi ajouter que Watson a été publié dans « The Spotlight », une revue dirigée par Willis Carto, un suprémaciste blanc, antisémite et négationniste lié au KKK et aux milieux skinheads néonazis. Le fait que Watson accepte d’être associé à ce type de plateforme médiatique témoigne d’une proximité idéologique ou, au minimum, d’un refus de s’en distancier.
Sea Shepherd n’est pas une organisation écologiste comme les autres. Si leurs actions spectaculaires attirent l’attention, elles masquent une idéologie malthusienne, élitiste et ambiguë. Paul Watson et ses soutiens flirtent ouvertement avec des mouvances réactionnaires, tout en cultivant un discours apolitique qui plaît aux fascistes de tout poil.
En France, leurs liens avec Brigitte Bardot et les Colibris montrent que Sea Shepherd ne fait aucun effort pour se distancier des positions d’extrême droite. Une écologie qui ne critique ni le capitalisme, ni le patriarcat, et qui rejette l’humanité comme problème central, ne peut être un allié des luttes antifascistes et anticapitalistes.
La façade radicale est séduisante, mais le fond reste profondément réactionnaire. À bon entendeur.