Devant un auditoire de magnats de l’industrie rassemblés par le Medef ce 18 avril, Jordan Bardella a joué une partition qui résonne comme une trahison retentissante de ses électeurs de base. L’homme, qui prétendait naguère défendre la classe ouvrière contre les ravages du néolibéralisme, s’est plié en quatre pour séduire ceux qu’il dénonçait jadis comme les vautours de l’économie française.
Cette pantomime grotesque a commencé avec Bardella, s’affichant sur scène, faisant des courbettes idéologiques devant l’élite financière qu’il prétend combattre. Proposant de mobiliser l’épargne des Français pour alimenter directement les coffres des entreprises, il a trahi ses diatribes passées contre le marché unique européen et la libre circulation des capitaux, piliers de ce qu’il appelait autrefois l’ogre néolibéral.
Le comble de l’ironie fut atteint lorsque François-Xavier Bellamy, des Républicains, a épinglé Bardella pour sa volte-face idéologique: « Il y a cinq ans, vous étiez pour la sortie de l’Europe et de l’euro, et maintenant vous défendez l’union des marchés des capitaux, c’est un grand écart assez rapide. » Une remarque qui a provoqué l’hilarité des patrons, témoignant du ridicule de la situation.
Mais Bardella, imperturbable et visiblement déterminé à redorer son blason auprès des puissances économiques, a poursuivi son numéro d’équilibriste. Il a déclaré sans ambages vouloir « rassurer les milieux économiques », s’alignant ainsi sur une vision pro-entreprise qui jure cyniquement en lien avec les luttes des petites gens qu’il prétend représenter. Le RN, sous sa houlette, adopte désormais une posture ouvertement pro-capitaliste, louant l’entreprise comme le moteur de la France, dans un revirement complet de sa rhétorique habituelle.
Les patrons du Medef ont eu droit à une véritable démonstration de contorsions politiques, avec Bardella vantant un protectionnisme qui ne s’oppose plus à l’Europe mais qui prétend la compléter. Ce virage à 180 degrés est une trahison non seulement pour ses électeurs mais aussi pour le principe même de cohérence politique.
Les implications de cette mascarade sont claires : Bardella et son parti ne sont pas les champions du peuple, mais des opportunistes prêts à pactiser avec le diable pour un accès au pouvoir. Si le RN est élu les dindons de la France seront en premier lieu les prolos qui l’auront élus