Avec un préjudice total estimé à 4,6 millions d’euros, l’Europe demande 3,4 millions encore non remboursés au parti d’extrême droite, sans oublier 300 000 euros supplémentaires pour le » préjudice moral « . Et pour un parti qui se veut le chantre de l’honnêteté face aux » élites corrompues « , cette affaire fait vraiment tache.
L’audience a tourné en foire dès les premiers jours, avec des explications tirées par les cheveux et des amnésies soudaines. Patrick Maisonneuve, l’avocat du Parlement européen, a balayé les arguments des prévenus comme une mauvaise blague, dénonçant un » système de défense collectif qui frisait l’absurde « . Marine Le Pen elle-même n’y échappe pas, étant accusée d’avoir lancé cette vaste entreprise d’emplois fictifs. La réunion du 4 juin 2014, où elle aurait encouragé les eurodéputés RN à » fournir des assistants » pour le parti, revient comme un boomerang : pour l’Europe, elle symbolise la supercherie.
Les assistants, censés travailler pour l’Europe, se retrouvent en fait employés au service du RN. La » mutualisation des assistants » – le terme poli pour dire » emplois fictifs » – signifie ici que ces fameux assistants passaient leur temps à trier des courriers pour les eurodéputés ou à faire du travail de militantisme pour le RN. Et le comble ? Pas un document, pas une page, même pas un post-it pour prouver un vrai boulot au Parlement.
Ce procès, c’est le miroir des méthodes RN, où l’on découvre un parti qui dénonce » le système » tout en le détournant à son profit. Derrière leurs discours de » patriotes » et de » défenseurs du peuple « , les dirigeants du RN ne se privent pas d’user et d’abuser des fonds publics. La prochaine fois qu’ils joueront les chevaliers blancs de l’intégrité, ce procès restera en mémoire comme un rappel de leurs petites magouilles, bien loin de l’image qu’ils vendent à leurs électeurs.