La sécurité sociale alimentaire (ssa) est un système qui permettrait de verser chaque mois un bon d’achat à tous pour acquérir des denrées alimentaires de qualité et produites dans des conditions durables.
Le double objectif est d’ inciter les gens à adopter des pratiques alimentaires plus saines, dans un contexte de justice sociale et, du même coup, en augmentant la demande, de favoriser l’installation de petits producteurs vertueux.
Sur le papier, cela ressemble à une chouette invention.
Dans la réalité, cela a été évalué à 120 milliards d’euros et déjà on voit mal comment l’Etat sortirait cet argent sans mouffeter.
Mais revenons aux objectifs : si l’on veut que les gens mangent mieux il faut d’abord se poser la question de savoir pourquoi ils mangent si mal. Une partie n’a juste pas assez de quoi se nourrir et là franchement, la question des bas salaires, des demis-emplois, des retraites de misères et j’en passe doit d’abord être résolue parce que c’est pas avec les apl qu’on a résolu le problème du logement.
Une autre partie croit qu’elle ne peut pas bien manger parce qu’elle n’a pas assez de fric pour manger bio mais dépense une fortune en plats tout prêts, biscuits, mayonnaise, ketchup, céréales qui font crac..ou bien mange un truc au restau pour 25€, prix d’une semaine de légumes en amap. Là, il serait plus économique pour l’Etat d’investir massivement dans l’éducation et de taxer ou d’interdire ces produits de merde qui augmenteront les effectifs de malades des hopitaux de demain. Et accessoirement de laisser du temps à ses citoyens pour cuisiner plutôt que de les presser de bosser 50h et de leur faire faire 20h de transport par semaine.
Enfin, la bourgeoisie qui mange bio, elle n’a pas besoin de la SSA. Pour des raisons obscures c’est quand même elle qui orchestre bien souvent ses initiatives…
Deuxième objectif : générer plus de petits producteurs vertueux. D’abord, bonjour l’usine à gaz : il va falloir labeliser les paysans et magasins chez qui le chèque SSA pourra être dépensé. Parce que déjà pour toucher 1000 € de PAC les petits paysans doivent avoir bac+12 en informatique alors j’ose même pas imaginer le bazar (et les magouilles par la même occasion). Les 100€ par mois ils iront où : au commerçant qui marge à 100% sur la quinoa bio ou au péruvien qui la produit ? Ou bien aux grandes monocultures bio qui embauchent des esclaves ? C’est quoi le critère ?
Et finalement, du côté paysan, croyez bien que ce n’est pas au sein du capitalisme moderne et de nos sociétés proto-fascistes que vont s’installer les dizaines de milliers de petits paysans nécessaires à nous nourrir tous sainement. Vous croyez sérieusement que nos grands leaders agricoles vont lâcher un once de leur empire foncier, financier et politique ? Chaque m2 cultivé en dehors des tenailles du système est une lutte !