Le chaudron agricole de nouveau en ébullition

Huit mois après la fronde du monde agricole paralysant le pays durant plusieurs jours, les voyants sont de nouveau repassés au rouge vif du côté des exploitants qui viennent de subir une des pires années tant pour les céréaliers, viticulteurs (climat trop humide) que pour les éleveurs (épidémies). Les promesses ont comme souvent tourné au feu de paille et ce n’est certainement pas la perspective d’un énième accord de libre échange et le piètre épisode de déni « démocratique » de Juin marqué par la dissolution et la mascarade des nominations gouvernementale qui aura rassuré des agriculteurs déjà bien en souffrance. La Confédération paysanne et le collectif national Stop Mercosur – qui regroupe notamment Greenpeace, Attac, les Amis de la Terre, la CGT, FSU et Solidaires – se rassemblent ce mercredi 13 novembre devant le ministère de l’Économie et des Finances pour pousser l’exécutif français à se montrer bien plus offensif à Bruxelles, et obtenir l’abandon de l’accord. https://basta.media/pourquoi-projet-accord-mercosur-union-europeenne-suscite-colere-monde-agricole Les prochains jours risques d’être animés sur le plan social puisqu’en plus des agriculteurs à partir du 17 novembre, plusieurs secteurs comme les cheminots pour protester contre la suppression de sncf fret, les soignants, les retraités et certains fonctionnaires rejoindront les licenciés en masse de michelin, d’auchan et le mouvement contre la vie chère initié dans les Dom.

Recontextualiser la gronde

Depuis 1950 le nombres de fermes a été divisé par 6 et le nombre d’actifs agricoles par 10 accompagné d’un fort exode rural faisant passé les ruraux de 18 à 8 millions d’habitants en un demi siècle. La plupart des paysans sont devenus malgré eux des sous traitants de l’industrie, des exécutants de gestes techniques spécialisés et davantage dépendants d’une numérisation, qui peut être allège leurs tâches mais les éloignes de l’essence même de leur travail et incite la plupart à un productivisme infructueux. https://basta.media/le-salut-agricole-est-il-dans-le-numerique C’est dans ce contexte et malgré quelques revendications communes et une colère qui semble généralisé dans ce secteur d’activité depuis bien longtemps, que deux visions de l’agriculture s’opposent diamétralement par l’intermédiaire des différents syndicats qui les représentent. La complexité des rapports de forces parmi ces différents syndicats réside surtout dans la place considérable qu’occupe la fnsea (fédération nationale des exploitants agricoles) ou la cr (coordination rurale) dans le paysage agricole français et les liens problématiques qu’entretiennent leurs dirigeants avec les politiciens qui main dans la main sont parvenus progressivement a orienter leurs adhérents vers la tendance destructrice des réformes ultra libérale mises en place jusqu’ici. Ainsi on a vu apparaître au fil des luttes, des alliances plus que douteuses entre les syndicats, soutients inconditionnels du productivisme, les multinationales de l’agro industrie et leurs groupes de pression sévissant dans les arcanes du pouvoir franco européen. Leurs portes paroles fantoches qui ne remette absolument pas le modèle en question et à l’origine d’opaques conflits d’intérêts bien loin des préoccupations majeur de la profession, ont infléchi depuis fort longtemps cette courbe déshumanisante, cette perte de sens d’un métier devenu dépendant d’un marché boursier lunatique sur fond de mondialisation et qui n’a eu cesse de fragiliser davantage petits fermiers, maraîchers et autres éleveurs agro responsables ayant refusé de basculer dans l’utilisation déraisonnable d’intrants ou le gaspillage de ressources, à l’instar de ce que prône depuis un bail la confédération paysanne, syndicat à taille humaine plus indépendants et respectueux du vivant.

Un désamour pour la profession

Ces crises successives provoquées par les magnats de la finance; dont faisait parti (chez rotschild) notre cher méprisant il n’y a pas si longtemps; avec la complicité de politiciens verreux autorisant en toute connaissance de cause les risques sanitaires, la commercialisation de produits qui inondent le marché depuis des années le secteur de leurs poisons, pour vendre ensuite leurs antidotes (comme bayer entreprise agro chimique et pharma). Toutes ces raisons ont entraîné aussi un fort déclin de l’attractivité pour cette profession chez les jeunes qui, s’ils sont parfois séduit par les sirènes techno solutionnistes de farmer simulator, se heurtent à des difficultés bien réelles d’installation, de crédits à n’en plus finir, d’une concurrence déloyale (accords commerciaux; mercosur prochainement?) et d’une flambée des prix des terres souvent rachetées par quelque exploitants gloutons poussés à être toujours plus voraces pour répondre aux exigences farfelues de technocrates déconnectés, et inconsciemment se posant en supporters d’un système qui les asservisse. Ajouter à cela l’inégalité des aides de la pac conditionnées aux surfaces et aux rendements (81% des aides captés par seulement 20%) qui souvent sont retardées par une bureaucratie toujours plus ingénieuse mais de moins en moins en phase avec les réalités du terrain et vous obtenez le champ de bataille dans lequel se trouvent la plupart de ceux qui voudraient nourrir le pays aujourd’hui.

De la connivence entre syndicats et partis politiques

La direction de la fnsea qui a depuis des décennies son rond de serviette au ministère de l’agriculture, profite de ce climat de sidération pour instrumentaliser sa lutte aux relents nationalistes (que l’extrême centre récupère avec opportunisme) et envoie ses fidèles mener des actions « coup de poing » mais quasiment jamais inquiétés par les pouvoirs publiques contrairement aux actions menées par les partisans d’une agriculture vivrière de proximité et aux défenseurs du vivant qui souvent voient leurs revendications réprimées manu militari. Similitude frappante avec les démonstrations de forces de groupuscules néo fascistes encadrées avec complaisance par les fdl alors que les anti fascistes et la gauche radicale sont qualifiés d’éco terroristes ou d’apologistes dès qu’ils bougent un orteil car gênant la bonne marche de l’ultra libéralisme impérial. Ces différences de traitement ne servent au final que les mêmes individus, parasites bourgeois. https://basta.media/agriculture-bio-rempart-contre-extreme-droite-vote La frontière semble en tout état de cause de plus en plus poreuse entre promotion acharnée de l’agro industrie, la propagande du patronat des multinationales et le climat xénophobe croissant qui permet ainsi aux fascismes et autres climato sceptiques de pénétrer plus aisément les zones rurales en agitant le spectre de la peur et du mensonge par l’entremise de syndicat peu scrupuleux comme c’est le cas aussi de la coordination rurale qui ne cache plus ses accointances pour le rn et enjoint ses brebis à détourner le regard des vrais problèmes par des discours anti écolo, un patriotisme fielleux tout en leur faisant miroiter qu’elle négocie pour eux un avenir meilleur, ce qui favorise inévitablement un modèle à bout de souffle, destructeur, exportateur et toujours plus gourmand en produit phytosanitaires qui profitera comme d’habitude à la classe bourgeoise et par ricochet aux actionnaires, bien content d’avoir fait des écolos wokistes islamo gaucho les responsables de leur désarroi.

Une brigade à la botte des agro industriels

La cellule de gendarmerie appelé « demeter » créée spécialement à la demande de la fnsea dans le marasme du délire ultra sécuritaire de ces dernières années et qui avait été supprimée récemment par un jugement du tribunal administratif, vient d’être remise en piste, jugé conforme par le conseil constitutionnel. Cet outil sous couvert de lutte contre les atteintes aux agriculteurs a aussi clairement pour objectif d’intimider les détracteurs des agro industriels contre qui sont déployés des moyens colossaux pour étouffer leurs contestations du modèle dominant et s’apparentent parfois aux techniques anti terroristes. La question est toujours la même: qui terrorise qui dans l’histoire ? https://reporterre.net/Les-activites-ideologiques-de-la-cellule-Demeter-validees-par-le-Conseil-d-Etat Pourtant nombreux sont les paysans à se définir comme les premiers écolo et à vouloir changer de braquet en se détachant du modèle malsain, polluant, surproductif ravageant la planète et beaucoup se sont rendu à l’évidence qu’il ne fallait plus attendre grand chose de ces institutions qui les balades avec leurs textes de lois alambiqués mais très peu suivi d’effets. C’est donc comme toujours en dernier recours, par la rue et l’union dans la convergence des luttes que pourra se produire le changement tant attendu.

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