Ce ne sont plus des ” tours de vis ” mais des coups de massue sur les plus vulnérables. Après avoir déjà bien serré la vis entre 2019 et 2023, en réduisant les conditions d’accès, les montants et la durée des allocations, le gouvernement en rajoute une couche, et pas des moindres.
Une offensive brutale contre les chômeurs
Gabriel Attal, en bon exécutant des volontés de la haute finance, annonce dans La Tribune Dimanche : de nouvelles règles entreront en vigueur le 1er décembre. Huit mois de travail, au lieu de six, seront nécessaires pour ouvrir des droits ; la durée d’indemnisation sera réduite à quinze mois contre dix-huit et les avantages pour les séniors de moins de 57 ans seront balayés d’un revers de main. La charge est d’une violence inouïe. Pour la CGT, c’est ” la réforme la plus violente de tous les temps “.
À partir du 1er décembre 2024, il faudra avoir bossé huit mois pour toucher une allocation-chômage. Huit mois, contre six actuellement. Huit mois, contre quatre en 2019. En cinq ans, l’exécutif a donc doublé cette durée tout en rétrécissant la période ” de référence ” au cours de laquelle les périodes d’emploi sont recherchées. En décembre prochain, les vingt derniers mois seront pris en compte, au lieu de vingt-quatre actuellement (trente-six pour les plus de 53 ans) et de vingt-huit mois jusqu’en 2019. Résultat ? Toujours moins de bénéficiaires d’allocations. Entre 2019 et 2023, on a vu une baisse de 14 % des ouvertures de droits. Cela correspond à 30 000 ouvertures de moins par mois.
Une cible facile : les jeunes et les précaires
Les jeunes et les plus précaires vont trinquer. Selon une étude d’impact de l’Unédic, les moins de 25 ans et ceux qui ouvrent un droit après un CDD ou une mission d’intérim seront les plus touchés. Gabriel Attal, égal à lui-même, se fout des conséquences et affirme que durcir les règles a ” marché et accéléré le retour à l’emploi “. Traduction : plus de contrats précaires. Mais l’exécutif n’en a rien à faire au contraire plus de chaire fraîche à exploiter c’est plus de dividende pour le Capital..
Un mauvais coup en cache un autre. La durée maximale d’indemnisation passera de dix-huit mois à quinze mois en décembre. Et si le taux de chômage atteint 6,5 %, on passera à douze mois. Matignon précise que la baisse sera de 40 %, soit une durée maximale d’indemnisation de douze mois pour les moins de 57 ans et de dix-huit mois pour les séniors.
Les séniors sacrifiés sur l’autel du libéralisme
Les séniors de 53 à 57 ans perdent leurs droits spéciaux. À partir de décembre, seuls les 57 ans et plus continueront à bénéficier de ce régime d’exception, mais avec des droits réduits. Pour inciter les entreprises à embaucher des séniors, Gabriel Attal propose un ” bonus emploi ” permettant de cumuler salaire et allocations-chômage. Une mesure qui profite aux entreprises plus qu’aux travailleurs.
Gabriel Attal affirme sans sourciller que cette réforme n’est pas une question d’économie mais de ” prospérité et d’activité “. Bullshit ! Quelques jours plus tôt, le ministère du travail parlait de 3,6 milliards d’euros d’économies. Les deux premières réformes rapportent déjà plusieurs milliards d’euros par an. Selon l’Unédic, elles permettront d’économiser 6,7 milliards par an en 2027. De quoi bien remplir les caisses du gouvernement, tout en appauvrissant les chômeurs.
Pour contrer cette offensive, le groupe Liot à l’Assemblée présentera une proposition de loi le 13 juin pour protéger le modèle d’assurance-chômage. Supprimer le principe de contracyclicité, empêcher le durcissement de l’accès aux droits et mettre fin au document de cadrage imposé aux partenaires sociaux.
Mais l’exécutif se fout de la colère sociale. Interrogé sur le risque de réveiller la colère sociale, Gabriel Attal répond : ” Oui, et ? ” Un mépris total pour les travailleurs et les plus précaires. Le jeu de massacre dure depuis cinq ans et c’est un saccage complet, quoi qu’en disent les services de la ministre du travail.