Diabolisation de la gauche : comment Corbyn et Mélenchon sont devenus les cibles des médias

Depuis des années, on assiste à un véritable acharnement médiatique contre la gauche, celle qui refuse de se plier aux règles du jeu néolibéral. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais une vieille rengaine qui se répète, comme un disque rayé. D’abord en Grande-Bretagne avec Jeremy Corbyn, puis en France avec Jean-Luc Mélenchon et sa bande des insoumis. Le schéma est toujours le même : on diabolise, on déforme, et on tape sur ceux qui osent remettre en cause l’ordre établi.

Retour dans les années 80, sous l’ère Thatcher. À l’époque, les médias britanniques n’ont pas fait dans la dentelle quand il s’agissait de taper sur les syndicats et les ouvriers. Les mineurs en grève en ont pris plein la gueule, surtout lors de la grève de 1984-1985. Les journaleux, qui autrefois couvraient les luttes des travailleurs avec une minimum d’objectivité, ont peu à peu disparu de la scène. Résultat : un discours médiatique qui présente les ouvriers comme des criminels en puissance. L’exemple d’Orgreave est emblématique : la BBC a carrément bidouillé le montage pour faire passer les mineurs pour les agresseurs alors que c’était la police qui avait attaqué en premier. Ce genre de manipulation a contribué à dresser l’opinion publique contre le mouvement ouvrier, le transformant en boucs émissaire parfaits pour justifier les politiques répressives de Thatcher. Et ce n’était pas juste les mineurs, c’est tout le monde ouvrier qui a été criminalisé. À l’époque, on n’hésitait pas à balancer que les mineurs étaient des nazis en puissance. On est allés jusqu’à publier une Une du Sun avec Arthur Scargill, leader des mineurs, faisant un salut hitlérien sous le titre ” Mine Führer “. C’était déjà le début de cette stratégie de diabolisation, qu’on retrouve plus tard avec Corbyn et Mélenchon.

Corbyn et Melenchon : les gauchistes à abattre

Quand Jeremy Corbyn a pris la tête du Labour en 2015, c’était la panique chez les élites. Le mec était tout ce qu’ils détestaient : un vrai socialiste, pas le genre à faire des courbettes devant les puissants. Forcément, il fallait l’abattre médiatiquement. Les journaux, même ceux qu’on pensait un peu à gauche comme le Guardian, se sont mis à le dépeindre comme un incompétent, un rêveur déconnecté des réalités. On est même allés jusqu’à ressortir des vieilles histoires de ” liens ” avec des terroristes irlandais pour le salir. Bref, tout était bon pour l’enterrer.

Mais le coup de grâce, ça a été l’accusation d’antisémitisme. Là, les médias se sont déchaînés. Chaque fois que Corbyn parlait de la Palestine ou critiquait Israël, c’était direct le procès en antisémitisme. On lui a même reproché d’avoir participé à une fête religieuse juive avec un groupe antisioniste. Non, vous ne rêvez pas, on l’a accusé d’être antisémite pour avoir passé une soirée avec des Juifs… Bref, la machine à calomnies tournait à plein régime. Et ça a marché : Corbyn a fini par être suspendu du Labour, son propre parti, après des années de cabales médiatiques.

Et en France, c’est pareil. Mélenchon, depuis qu’il a pris la place du PS, est devenu la tête de turc des médias. On le traite de tout : démagogue, populiste, dangereux, vous en passez et des meilleures. Comme Corbyn, il est accusé de tous les maux, surtout de ” brutaliser le débat public “. Les médias lui reprochent son ton, son style, comme si c’était ça, le vrai problème. Pourtant, ceux qui utilisent le 49.3 à répétition ou qui envoient la police mater les manifs, ils sont tranquilles. Non, le danger, c’est Mélenchon, parce qu’il parle fort et qu’il refuse de se coucher.

Et bien sûr, on lui ressort aussi régulièrement l’accusation d’antisémitisme, histoire de bien le décrédibiliser. À chaque phrase un peu ambiguë, c’est direct l’emballement médiatique. Mais ce qu’on oublie de dire, c’est que tout ça, c’est surtout une excuse pour éviter de parler du fond : les propositions de Mélenchon, son programme de rupture avec le néolibéralisme, sa critique de l’OTAN… Tout ça, on n’en parle jamais sérieusement, parce que ça ferait peur à trop de monde. À croire que même le réchauffement climatique est du fait des pets de cerveau de Melenchon.

Un schéma bien rodé

Ce qu’ont vécu Corbyn et Mélenchon, c’est loin d’être un cas isolé. C’est le sort réservé à tous ceux qui osent défier l’ordre économique et social. À chaque fois, on diabolise, on déforme, on attaque. L’objectif est toujours le même : empêcher toute remise en question sérieuse du système en place. Corbyn a été laminé parce qu’il représentait une menace réelle pour l’establishment britannique. Mélenchon subit le même sort en France parce qu’il est le seul à incarner une alternative crédible au néolibéralisme.

Mais malgré les attaques, ces figures continuent d’attirer un soutien massif, car au fond, elles répondent à une demande de justice sociale que les médias ne peuvent pas étouffer. Tant qu’il y aura des gens comme Corbyn ou Mélenchon, prêts à défier le système, il y aura des millions de personnes pour les soutenir, malgré toutes les tentatives de les réduire au silence. La bataille est loin d’être terminée, et c’est loin d’être une mauvaise nouvelle.

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