Dossier : semaine “en” quatre jours ou semaine “de” quatre jours ? (partie 2/4 : la semaine “de” quatre jours)

A rebours de la semaine “en” quatre jours, voulue et encouragée par le patronat et le gouvernement, en particulier dans la fonction publique, une alternative est défendue, notamment par les organisations de gauche (des syndicats comme la CGT, ou des partis politiques comme LFI ou EELV).

Cette alternative consiste à agrémenter le passage de la semaine de travail de quatre à cinq jours d’une réduction du temps de travail. Dans la fonction publique, par exemple, cela se traduirait concrètement par un passage à un temps de travail hebdomadaire de 35 heures à 32 heures, le tout sur quatre jours.

De nombreuses expérimentations de la semaine de quatre jours ont vu le jour à travers le monde, en Espagne, Nouvelle-Zélande, en Islande, ou encore en Suède et en Grande-Bretagne. Ces expérimentations ont permis de mener un certain nombre d’études sur le sujet, notamment sur les avantages et inconvénients que cela pourrait apporter.

La solution de la semaine de quatre jours combinée avec une réduction du temps de travail hebdomadaire semble apporter de sérieux avantages. Le résultat de l’étude réalisée par l’ONG 4 Day Week Global en partenariat avec le groupe de réflexion Autonomy, durant l’expérimentation de la semaine de quatre jours en Grande-Bretagne, est éloquent.

Sur le plan social d’abord, 39% des salarié·es se sont déclaré·es “moins stressé·es” à l’issu de l’expérimentation. Le “niveau de burn-out” a diminué pour 71% des salarié·es. Le nombre de jours d’arrêt maladie s’est réduit de 65%, et les niveaux d’anxiété, de fatigue et de problèmes de sommeil se sont fortement réduits eux aussi.

“Les améliorations concernant la santé physique et mentale, l’équilibre travail-vie personnelle et la satisfaction générale dans la vie, ainsi que les réductions de l’épuisement professionnel constatées à la fin de l’essai, ont toutes été maintenues un an plus tard”, d’après Will Stronge, directeur de recherche à Autonomy. “Le point clé, c’est que les résultats importants notés au bout de six mois ne sont pas le fruit de la nouveauté ou d’effets de court terme. Ces effets sont réels et durables”, précise Juliet Schor, professeur au Boston College.

Sur le plan écologique ensuite, une étude de l’association britannique Platform dévoile que la semaine de 4 jours sans perte de salaire pourrait diminuer de 21,3% l’empreinte carbone du Royaume-Uni, notamment grâce aux économies d’energie (absence de personnel dans les bureaux, réduction des temps de déplacement, etc). En 2012, des chercheurs de l’Université de Massachusetts Amherst montraient déjà qu’une réduction du temps de travail de 10% permettrait à un ménage de réduire son empreinte carbone de 8,6%.

Sur le plan économique (nous entrerons dans les détails de la faisabilité économique dans une prochaine partie), l’expérimentation de la semaine de quatre jours avec réduction du temps de travail et maintien du salaire semble encore une fois porter ses fruits : on note un impact nul, voire positif, sur les gains de productivité. En témoigne le fait qu’un an après l’expérimentation, 89% des structures participantes appliquent toujours ce modèle de fonctionnement.

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