Dossier : semaine “en” quatre jours ou semaine “de” quatre jours ? (partie 4/4 : semaine de quatre jours et lutte des classes)

Le principal argument en faveur de la semaine de quatre jours avec réduction du temps de travail est le fait que l’économie est capable de produire toujours plus, avec de moins en moins de travail humain. Suivant ce constat, on se retrouve alors à un carrefour sociétal, où s’affrontent deux visions divergentes du monde du travail.

Si le système actuel est maintenu, le taux de chômage augmentera du fait d’une baisse de la quantité de travail disponible et des progrès techniques. C’est le choix des politiques actuelles, qui tentent d’endiguer le taux de chômage artificiellement avec du travail précaire : CDD, intérim, temps partiel imposé. Ce choix rend cependant inévitable la hausse de la précarité et de la pauvreté.

Une alternative est possible : travailler moins, en s’inspirant par exemple du modèle économique proposé par Patrick Artus (cf. partie 3 de ce dossier). On se retrouve alors avec une hausse du nombre de travailleurs et travailleuses, provoquant une baisse du chômage, une hausse moyenne du revenu par habitant·e, conduisant in fine à une réduction globale de la pauvreté.

En se cachant derrière le masque du pragmatisme économique, les classes dirigeantes ont fait leur choix, s’attelant un peu plus chaque jour à dégrader nos conditions de travail, et à casser notre système social. Mais quelles sont leurs motivations ? Est-ce par pure méchanceté ? Pourquoi refuser une réduction du temps de travail ?

D’un côté, on sait que les bienfaits d’un tel projet sont connus et reconnus par la société civile (cf partie 2 de ce dossier). De l’autre, on reconnait qu’il existe une réelle souffrance psychologique et physique, pour les gens qui travaillent trop comme pour celles et ceux, précarisé·es, qui ne travaillent pas assez (voire pas du tout). Pierre Larrouturou l’explique dans Politis : “aujourd’hui le partage du travail est binaire. Certains sont à 40 h et d’autres 0 h”.

Ce contexte est alors peu propice à l’émergence d’une réelle volonté d’émancipation du peuple : lorsque l’on travaille 40 heures par semaine, on manque de temps et d’énergie pour s’investir dans les décisions politiques. On retrouve la même problématique chez les personnes précarisées, essentiellement focalisées sur leur propre survie. Dans ces conditions, les bourgeois peuvent dormir sur leurs deux oreilles. A moins d’un concours de circonstances exceptionnel, le risque insurrectionnel est quasi-inexistant.

Vous l’aurez compris, c’est en réalité un jeu de pouvoir qui se joue ici. Le propre de la classe dominante, dans toute société, a toujours été de conserver ses privilèges. Ainsi naquit la fameuse lutte des classes, théorisée (entre autre) par Karl Marx. A ce sujet, la déclaration du financier et milliardaire américain Warren Buffet est révélatrice : “Il y a bien une guerre des classes, c’est vrai, mais c’est la classe à laquelle j’appartiens, celle des riches, qui est en train de la mener et de la gagner”.

Qu’attendons-nous pour les contrer ?

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