Élections européennes : Le RN plaque son allié allemand de l’AfD

Le Rassemblement National (RN) préfère le risque de l’isolement à celui de la polémique. Ah le manque de courage en politique ! À deux semaines du scrutin européen, le RN décide de rompre avec l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), son cher allié extrême droite. Pourquoi? Parce que la tête de liste de l’AfD, Maximilian Krah, a eu l’audace de tenir des propos révisionnistes, comme s’il n’y avait pas assez de haine dans leur programme.

Le RN et le risque d’isolement

Dans un entretien aux quotidiens La Repubblica et Financial Times, Krah a déclaré que les membres des SS, cette organisation charmante d’Adolf Hitler, ne devraient pas être tous considérés comme des criminels. Oui, vous avez bien entendu. Il y avait des agriculteurs parmi les 900 000 SS, donc certains étaient des types bien, selon lui, Darmanin un commentaire? Leurs violences était elle légitime? Marine Le Pen, qui a probablement vu rouge (ou peut-être brun?), a tranché :  » Nous ne siégerons plus avec eux lors du prochain mandat « , a déclaré Alexandre Loubet, directeur de campagne de Jordan Bardella.

Le RN, qui préfère éviter de devoir s’expliquer à chaque dérapage de l’AfD, prend donc le risque de se retrouver isolé au Parlement européen. C’est ça, la stratégie brillante du RN : mieux vaut être seul que mal accompagné ou plutôt pour vivre heureux vivons cachés… par d’autres extrémistes encore plus nauséabonds. Marine Le Pen le sait bien, ayant elle-même déclaré en décembre 2023 qu’il était difficile d’envisager une stratégie européenne sans les Allemands. Dommage, la voilà forcée de chercher de nouveaux amis.

L’AfD, une pomme pourrie parmi tant d’autre.

Les récentes révélations montrent bien que l’AfD n’est pas seulement l’extrême droite qui ne s’assume pas, mais plonge tête première dans le néonazisme. Une réunion secrète à Potsdam en novembre 2023 discutait même d’un projet d’expulsion de masse des étrangers et des Allemands d’origine étrangère. Un projet de  » remigration  » qui ferait rougir d’envie les SA. Même le RN, pourtant pas réputé pour sa modération, ne veut plus justifier de tels liens.

L’AfD n’est pas seulement moralement corrompue, mais aussi juridiquement embourbée. Maximilian Krah est sous le coup de deux enquêtes pour financement illégal par des sources russes et chinoises. Un ancien collaborateur de Krah, soupçonné d’espionnage pour la Chine, a été arrêté. Mais la palme revient à Björn Höcke, leader de l’aile radicale de l’AfD, qui a été condamné pour avoir utilisé un slogan des SA. Charmante compagnie, vraiment.

En se débarrassant de l’AfD, le RN espère aussi se débarrasser du cordon sanitaire qui l’empêche de gravir les échelons du pouvoir européen. Le RN, désespérément en quête d’alliés respectables (autant que possible dans leur camp), se tourne maintenant vers d’autres partis d’extrême droite. Parmi eux, le Vlaams Belang, la Lega de Matteo Salvini et le FPÖ autrichien, qui flirte ouvertement avec les idées identitaires les plus crasses.

La grande séduction des partis eurosceptiques

Marine Le Pen rêve d’une alliance avec le Fidesz de Viktor Orban. Mais jusqu’ici, le Premier ministre hongrois a toujours refusé, exigeant que Le Pen se sépare d’abord de l’AfD. Bien joué, Marine, mais ce n’est peut-être pas encore suffisant. Orban s’était déjà montré prêt à rejoindre le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) après les élections. Giorgia Meloni, elle, travaille dur pour unir les partis eurosceptiques européens en une majorité.

La situation est tout sauf claire. Le RN continue de danser sur une corde raide, jonglant entre son image et ses alliances. Les grandes manœuvres à l’extrême droite européenne ne font que commencer, et bien malin celui qui peut prédire l’issue. Ce qui est sûr, c’est que les valeurs de respect, de démocratie et d’humanité ne seront jamais au cœur de leurs préoccupations.

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