Les députés sont censés débattre de cette brillante proposition de fusion, votée au Sénat en juin 2023, et qui prévoit de chapeauter France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA sous une holding dès le 1er janvier 2025, avant de les fusionner un an plus tard. Sonia Devillers, présentatrice sur France Inter, ne mâche pas ses mots : » Je ne dis pas que je suis contre ce projet, je dis que je suis effarée par l’opacité qui l’entoure « . Et elle a bien raison, car tout cela sent le coup monté.
Un projet flou et démago
Plus de 1 100 salariés de Radio France ont signé une pétition dénonçant cette fusion démagogique et dangereuse. Pourquoi ? Parce qu’ils savent que fusionner tout l’audiovisuel public est une idée aussi brillante que de vouloir réparer une montre avec un marteau. Leurs inquiétudes ne sont pas sans fondement : ils redoutent un appauvrissement de l’offre d’information et craignent de devenir plus vulnérables aux pressions politiques.
Rachida Dati, en bonne Macroniste revendique d’aller vite, quitte à escamoter le débat. Les nouveaux convertis sont toujours les plus radicaux dit on. Mardi 14 mai, l’examen expéditif des amendements en commission des affaires culturelles a ajouté au sentiment d’effarement. Serge Cimino, délégué syndical SNJ à France Télévisions, fulmine : » Quelle entreprise accepterait que son avenir soit écrit par un amendement de quelques lignes ? « . Une bonne question à laquelle personne ne semble vouloir répondre sérieusement.

La Fusion, une menace pour l’indépendance
Anne Cantener, présidente de la Société des journalistes de RFI, souligne : » On parle de fusionner 15 000 salariés d’ici à deux ans. Cela ne paraît pas un délai tenable. » Et même si c’était faisable, cela ne se ferait pas dans de bonnes conditions. Les rédactions craignent aussi une perte d’indépendance, devenant plus sensibles aux pressions politiques, ce qui est loin d’être rassurant avec l’élection présidentielle de 2027 en vue et le spectre de l’extrême droite qui rôde.
Radio France est particulièrement inquiète. Pierre Mouchel, secrétaire général CGT de France Télévisions, note que la peur est plus grande dans les médias qui craignent d’être absorbés. La direction de France Télévisions a même fait appel à un prestataire extérieur pour s’assurer de la tenue du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella. Oui, on en est là.
Inquiétudes multiples
Les salariés craignent des mesures d’économies, la remise en cause de leurs accords collectifs et l’indépendance de l’information. Depuis la suppression de la redevance en 2022, aucun mode de financement stable et indépendant n’a été trouvé. Guillaume Erner résume la situation : » Il n’y a que deux manières de punir l’audiovisuel public : en touchant à son budget ou en réformant sa gouvernance. Là, les deux sont concernés en même temps. «
Alors, pourquoi une telle précipitation à fusionner les médias publics ? Les arguments du gouvernement semblent aussi creux que les promesses électorales. Cette fusion a pour but de fragiliser l’indépendance des médias et d’appauvrir l’offre d’information. En réponse, les salariés se préparent à une grève massive pour faire entendre leur désapprobation.