Læticia Hallyday a vu sa villa réduite en cendres, Paris Hilton, quant à elle, raconte avec effroi avoir regardé sa maison brûler en direct à la télévision. » C’est quelque chose que personne ne devrait jamais avoir à vivre « , déclare-t-elle. Ironique, quand on pense aux 180 000 personnes évacuées et aux dix morts que comptent déjà ces incendies, sans parler des milliers de familles qui, elles, n’ont rien à perdre… parce qu’elles n’ont déjà rien.
Les feux, des habitués de la Californie
Les incendies monstres ne sont pas nouveaux en Californie, c’est leurs fréquences qui augmentent avec le dérèglement climatique. Les vents de Santa Ana, chauds, secs et puissants, soufflent chaque année sur la région, attisant des brasiers qui dévorent tout sur leur passage. Mais là où certains voient une fatalité climatique, d’autres, comme l’historien Mike Davis, dénoncent une folie urbanistique.
Depuis des décennies, les ultra-riches construisent toujours plus haut, dans des zones de » ceinture de feu » qui auraient dû rester vierges pour limiter les dégâts. Les incendies de Malibu dans les années 1980 n’ont rien changé : le luxe a continué de grignoter les montagnes, avec l’aide indirecte des fonds publics, mobilisés pour protéger ces habitations ultra-privilégiées.
» Les nouveaux riches de Malibu ont construit comme si le feu n’existait pas « , écrivait Davis en 1995. Une réflexion tristement toujours d’actualité. Aujourd’hui encore, des pompiers sont massivement déployés pour sauver les villas de Pacific Palisades, pendant que les quartiers populaires, eux, subissent les plus lourdes pertes. Une inégalité criante que les flammes viennent souligner avec une ironie mordante.
Une catastrophe symptomatique du capitalisme vert
Ce désastre met aussi en lumière l’échec du » capitalisme vert « . La Californie, pionnière des politiques climatiques aux États-Unis, n’a cessé de vanter ses efforts pour la transition écologique. Mais ces ambitions se heurtent à une réalité bien plus brutale.

Les Tesla et panneaux solaires des quartiers huppés n’ont pas empêché les flammes de se répandre. Comme le souligne Joëlle Zask, philosophe spécialiste des feux de forêt, les riches habitent la nature comme des touristes : ils l’occupent, mais ils ne s’en occupent pas. Une déconnexion qui explique pourquoi ces mégafeux deviennent de plus en plus destructeurs.
Ironie du sort, l’ex-maire de Los Angeles, Éric Garcetti, ancien président du réseau mondial C40 sur les villes actives pour le climat, a pourtant fait de la Californie un symbole de lutte climatique. Aujourd’hui, cet État est réduit à constater l’impasse de ces politiques où les initiatives restent prisonnières de la logique capitaliste.
Trump et l’arrogance face aux flammes
Mais si l’arrogance a un visage, c’est bien celui de Donald Trump. Fidèle à ses habitudes, il a profité de l’occasion pour accuser les politiques démocrates de détourner l’eau pour protéger un » poisson inutile « . Une sortie absurde, mais révélatrice d’un monde politique incapable de prendre la mesure des enjeux climatiques.
Dans une décennie cruciale pour l’avenir de la planète, cette incapacité à agir nous précipite vers le chaos. Pendant que les riches pleurent leurs villas et que les pauvres comptent leurs morts, la planète, elle, continue de brûler.
Hollywood brûle, mais qui paiera la note ?
Ces incendies ne sont pas qu’un spectacle médiatique. Ils sont le reflet d’un monde qui s’effondre sous le poids de ses contradictions. Les ultra-riches, longtemps protégés par leur argent, découvrent à leur tour qu’aucun coffre-fort n’est à l’abri du réchauffement climatique.
Et pourtant, malgré les images choquantes, rien ne change. Les mégafeux sont déjà passés à Sydney, à Washington, à Paris, et l’inaction reste la norme. Les flammes ne détruisent pas seulement les forêts et les maisons : elles consument aussi nos illusions.
Un monde qui brûle sous le poids de son arrogance, voilà ce que nous observons aujourd’hui. Les flammes de Hollywood ne sont qu’un avant-goût de ce qui attend une humanité incapable de remettre en question son modèle de développement. Hollywood pleure ses villas, mais demain, c’est la planète entière qui pleurera.