Jordan Bardella : Le dernier chapitre d’une campagne creuse

Jordan Bardella, fidèle disciple de Marine Le Pen, a une constance admirable. Peu importe où il se trouve, devant une poignée de militant·es dans une salle de village ou devant des milliers au Palais des sports de Paris, son discours reste le même : une récitation d’éléments de langage creux et alarmistes, servis avec un zeste de racisme et une pincée de xénophobie. Lors de son ultime meeting de campagne à Paris, le 2 juin, il n’a pas dérogé à cette règle.

Que l’on soit en septembre ou en juin, que ce soit à Lécluse (Nord) ou à Paris, Bardella ressort inlassablement les mêmes formules, souvent aussi vides que dénuées de réalisme. Ce qui pourrait être une performance comique, si ce n’était pas si tragiquement préoccupant.

C’est la même chanson

Le public, plus jeune que celui de Reconquête, s’est laissé bercer par les mêmes ritournelles, chauffé par un DJ comme s’il s’agissait d’un concert. Marine Le Pen a ouvert le bal avec une diatribe contre les institutions européennes, raillant la  » Commission de Bruxelles  » et qualifiant l’Union européenne de  » quasi totalitaire « . Rien de nouveau sous le soleil de l’extrême droite, juste le recyclage des mêmes fake news : Emmanuel Macron partageant l’arme nucléaire, l’UE nous forçant à manger des insectes… Un festival de mensonges savamment orchestré pour titiller les peurs les plus irrationnelles.

La farce a pris un tournant plus dramatique lorsque deux militantes Femen, seins nus et slogans tatoués sur le corps, ont interrompu Bardella en scandant :  » Pour une Europe féministe, pas fasciste.  » Elles ont rapidement été sorties de la salle par la sécurité du RN, dans une démonstration de force brutale et inutile. Pendant ce temps, les journalistes présents étaient malmenés, menacés, et certains ont même été empêchés de filmer la scène.

Des promesses vide de sens

Sur scène, Bardella a continué de réciter ses éléments de langage favoris, attaquant Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron, les accusant d’être les  » promoteurs du déclin « . Il a ressorti sa formule fétiche sur la  » submersion migratoire « , jouant sur les peurs et prétendant que  » notre civilisation peut mourir si nous ne prenons pas maintenant et rapidement le contrôle de notre politique migratoire « . Une rhétorique de peur qui, malheureusement, trouve encore écho chez certain·es.

Bardella a promis une  » double frontière  » pour protéger la France, une idée aussi irréaliste que contraire aux traités internationaux. Cette proposition, tout droit sortie des manuels de politique-fiction, n’a aucun fondement légal ou pratique. Mais qu’importe, pour Bardella, l’essentiel est de susciter l’applaudissement facile et la peur irrationnelle.

Toujours dans la même veine, il a plaidé pour la préférence nationale, promettant de  » réserver les allocations aux citoyens de nationalité française  » et dénonçant une  » Europe du guichet social « . Encore une fois, il s’agit de mesures qui, en plus d’être contraires aux principes de solidarité et d’humanité, sont irréalisables sans violer les textes internationaux.

Entre cynisme et démagogie

La conclusion de son discours était un sommet de cynisme :  » Moi-même, en étant venu d’ailleurs, je suis fier d’être Français. Ne vous excusez jamais d’être Français. Ne baissez jamais les yeux.  » Une manière de légitimer son discours xénophobe tout en se posant en victime du système. Un véritable numéro de funambule rhétorique qui aurait presque de quoi faire sourire, si ce n’était si dangereux.

Jordan Bardella et le RN ont construit leur campagne sur la peur et la haine. Leur programme est une collection de propositions irréalistes, illégales et souvent inhumaines. Mais la véritable tragédie est que, malgré le vide de leur discours, ils parviennent encore à séduire une partie de l’électorat. Peut-être est-il temps pour nous de cesser de regarder ce spectacle grotesque et de commencer à combattre sérieusement cette montée de l’extrême droite. Parce que derrière les sourires et les applaudissements, c’est une vision de la société basée sur l’exclusion, la peur et la division qui se cache. Et cela, nous ne devons jamais l’oublier. L’extrême droite n’est pas un fatalité et comme toujours le combat se gagnera sur le pavé et non dans les urnes !

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