La Nueve : ces héros oubliés sacrifiés par les Alliés après la Libération

Août 1944, Paris suffoque encore sous l’occupation nazie. Les résistants, impatients, se battent dans les rues, en attendant les renforts de la 2eme DB dont la glorieuse Nueve! Une bande d’anarchistes espagnols, échappés des griffes de Franco. À leur tête, Rafael Gomez Nieto, un dur à cuire au volant de son autochenille baptisée «  Guernica  ». Ils foncent à toute berzingue sur l’Hôtel de Ville et délivrent la capitale du joug nazi. Mais ces mecs-là n’étaient pas juste là pour Paris. Non, eux, ils rêvaient de continuer la lutte, de libérer Madrid et de foutre Franco dehors une bonne fois pour toutes. Sauf que ça, c’était sans compter sur la trahison des Alliés.

Les mecs de la Nueve avaient déjà tout sacrifié dans leur combat contre Franco. En 1939, quand les anarchiste espagnols ont été vaincus par les franquistes, ils n’ont pas capitulé. Ils ont traversé les Pyrénées, espérant que la France leur offrirait refuge. Mais au lieu d’un accueil chaleureux, ils se sont retrouvés parqués comme des animaux dans des camps de concentration improvisés, comme celui d’Argelès-sur-Mer. Des conditions inhumaines, la faim au ventre, et un mépris total des autorités françaises qui les voyaient comme des indésirables. Mais ça n’a pas brisé leur esprit combatif.

Non, ces gars-là ont tenu bon. Et dès qu’ils ont eu l’occasion, ils ont repris les armes. Certains ont intégré la résistance intérieur d’autre ont créé la Nueve, une compagnie pas comme les autres, composée à 90 % d’Espagnols. Des durs à cuire qui arboraient fièrement le drapeau de la République espagnole sur leurs uniformes en souvenir de l aplus glorieuse des révolutions anarchistes. Leur mission ? Libérer l’Europe du fascisme. Des plages de Normandie aux rues de Paris, ils étaient toujours en première ligne, prêts à en découdre avec les nazis. Et ce qu’ils voulaient, c’était bien plus qu’une simple victoire militaire. Ils voulaient la justice. Ils voulaient retourner en Espagne, les armes à la main, et mettre fin au règne de Franco, pour y faire triompher l’Anarchie !

Ces hommes, libérateurs de Paris et de l’Europe, ont été largués par les mêmes Alliés qui les avaient armés, laissant Franco régner en paix sur un peuple trahi.

Mais voilà, la grande mascarade des Alliés a vite montré son vrai visage. Ils étaient bien contents de voir la Nueve libérer Paris, bien heureux de se servir de ces hommes pour leur guerre. Mais dès qu’il s’est agi de s’occuper de Franco et de ses fascistes en Espagne, il n’y eu plus personne. Pour le bloc bourgeois se fut, plutôt Franco que la Révolution, plutôt le fascisme que l’Anarchie ! Les Américains, les Britanniques et les Français, tous ces grands champions de la liberté, ont préféré laisser Franco régner en paix. Parce que, tu vois, ça les arrangeait bien, un petit dictateur bien tranquille de l’autre côté des Pyrénées. Pas trop de vagues, pas trop de soucis. Et pendant ce temps, les mecs de la Nueve, eux, ont continué de se battre, espérant encore que leur sacrifice ne serait pas en vain.

Après avoir libéré Paris, la Nueve a continué sa route. Ils ont libéré Strasbourg, puis, ils ont pris d’assaut le nid d’aigle de Hitler à Berchtesgaden. Mais la réalité, c’est qu’à la fin, ils ont été abandonné. La guerre finie, ils ont été démobilisés, chacun retournant à sa vie, souvent dans la misère et l’indifférence. Et Madrid, elle, est restée sous la botte de Franco. Pas de libération, pas de justice. Juste le silence des grandes puissances et l’amertume des hommes trahis.

Rafael Gomez Nieto, lui, a survécu à tout ça. Il a survécu à la guerre, il a survécu à Franco, il a survécu à toutes ces promesses non tenues. Et en 2020, à l’âge de 99 ans, il est mort, emporté par le Covid, dans un monde qui a préféré oublier son sacrifice. Parce que oui, on préfère parler des grandes victoires militaires, des défilés sur les Champs-Élysées, que de reconnaître la trahison des Alliés qui ont laissé le fascisme s’épanouir en Espagne, pendant des décennies après la guerre. Gloire a nos compagnons, combattants de la liberté, sacrifiés sur l’autel de la realpolitik!

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