Le chef de la BRAV-M mis en examen pour violences : l’instrument de répression d’une extrême violence

Le chef de cette brigade motorisée, ce fameux commissaire S., a été mis en examen en janvier pour violences lors d’une manifestation à Paris. Ce gars-là, il incarne la répression d’État dans toute sa splendeur. Le 28 novembre 2020, pendant une manif contre la loi de sécurité globale, il a fracassé le nez d’un journaliste syrien, Ameer Al-Halbi, avec sa matraque télescopique, et a roué de coups un étudiant effondré au sol. Tout ça en moins de vingt secondes. Un vrai carnage.

Ameer Al-Halbi, qui a survécu à la guerre en Syrie, est toujours marqué par cette agression en France. Son avocat, Hugo Lévy, dénonce l’impunité policière :  » Après la guerre, être blessé en France en faisant son boulot de journaliste, c’est inacceptable « . Une véritable honte pour un pays qui se targue de défendre la liberté de la presse et les droits humains.

L’IGPN, la police des polices, avait proposé un simple blâme. Jérôme Foucaud, son supérieur, a même suggéré un avertissement, une vraie claque pour les victimes. Didier Lallement, alors préfet de police, a osé le décorer pour acte de courage et de dévouement. Du foutage de gueule ! Décorer un flic pour avoir matraqué des innocents, c’est ça la République ?

Ce commissaire, promu à des responsabilités encore plus grandes, a continué ses exactions. Le 23 mars 2023, il a éborgné un syndicaliste Sud-Rail avec une grenade de désencerclement. Pas de fiche TSUA, pas de sommation, juste la brutalité à l’état pur. Pourtant, il a été placé sous le statut de témoin assisté, pas mis en examen. Une avocate, Me Aïnoha Pascual, s’indigne :  » Qu’on considère normal qu’un commissaire ne respecte pas la loi, c’est aberrant « . Et elle a bien raison.

Ce commissaire représente une répression d’une violence extrême, soutenue par un système qui ferme les yeux. La BRAV-M n’est qu’un outil de répression, une machine à briser les corps et les esprits, en totale impunité. L’État protège ses brutes, et qui paie les pots cassés ? Toujours les mêmes : les manifestants, les syndicalistes, les journalistes. Ceux qui osent se dresser contre l’injustice.

Et ce n’est pas fini. Ce commissaire de 33 ans, qui continue de participer aux opérations de maintien de l’ordre parisiennes, dirige toujours les mille trois cents flics placés sous sa responsabilité. Selon les informations du Monde, son remplacement serait prévu pour après les Jeux olympiques. On repousse toujours l’échéance, comme si on espérait que les choses s’arrangent d’elles-mêmes. Mais non, ça ne marche pas comme ça.

Les faits qui lui sont reprochés, révélés en 2021 dans une enquête vidéo du Monde, lui valent d’être poursuivi pour  » violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique  » et pour  » violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme « . Mais malgré tout, il continue de sévir, sans être inquiété.

En 2023, il faisait également l’objet d’un signalement à l’IGPN après avoir notamment insulté un émeutier interpellé pendant les manifestations du 1er Mai, à Paris.  » Ta gueule ! « ,  » Grosse merde ! « , lui avait-il notamment lancé au cours d’une séquence filmée puis diffusée sur les réseaux sociaux. Le signalement n’a pas eu de suites. Et bien sûr, pourquoi se fatiguer ? Pourquoi sanctionner un commissaire qui fait le sale boulot qu’on lui demande de faire ?

Ce dernier épisode en date, à l’issue d’un interrogatoire en vue d’une éventuelle mise en examen, le commissaire a finalement été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté, en janvier 2024, pour  » violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente « , selon une source judiciaire confirmant une information de l’AFP. Au cours d’une manifestation contre la réforme des retraites, le 23 mars 2023, une grenade de désencerclement de type GENL lancée par le commissaire avait éborgné Sébastien N., syndicaliste Sud-Rail. Celui-ci se tenait non loin d’affrontements entre des agents du commissaire et des manifestants, mais n’y prenait pas part et tournait le dos au commissaire, les mains dans les poches, au moment du lancer. Encore une preuve de la violence aveugle et gratuite de ce commissaire.

Il est également reproché au commissaire S. de ne pas avoir rempli de fiche TSUA (traitement relatif au suivi de l’usage des armes), une formalité à laquelle est censé se plier tout agent ayant utilisé une arme. À propos du placement sous le statut de témoin assisté, l’avocate de Sébastien N., Me Aïnoha Pascual, s’étonne  » que l’on considère comme normal qu’un commissaire puisse ne pas remplir sa fiche TSUA, qu’il puisse lancer une grenade sans sommation, bref, qu’il ne respecte pas les dispositions légales. Ça devrait constituer des indices graves et concordants suffisants pour une mise en examen.  » Mais non, encore une fois, on ferme les yeux, on protège les copains.

Me Anne-Laure Compoint, qui défend le commissaire S. dans ces deux affaires, a tenu à rappeler que ce dernier restait présumé innocent. Contactée, la préfecture de police de Paris n’avait pas répondu au moment de la publication de cet article. Bien sûr, on préfère rester silencieux, éviter les vagues. On sait bien que la vérité dérange.

Il est temps de mettre fin à ce système qui protège les bourreaux et abandonne les victimes à leur sort. La répression d’État n’a que trop duré. Il est temps de dire stop et de construire une société où la justice et la dignité humaine priment sur la violence et l’oppression.

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