Rappelez-vous l’année 2022, lorsque l’entreprise chinoise NetDragon Websoft a décidé de nommer ” Madame Tang Yu “, un robot humanoïde virtuel, au poste de PDG. Les actions de l’entreprise ont grimpé en flèche, atteignant plus d’un milliard de dollars. Quelle surprise ! Un robot qui fait mieux que des années de management humain. Puis, en 2023, l’entreprise polonaise Dictador, spécialisée dans le rhum (oui, du rhum), a suivi en nommant ” Mika “, un autre robot IA, au poste de PDG. Rien ne dit “efficacité” comme un robot gérant une entreprise de rhum, n’est-ce pas ?
Adieu humains, bonjour algorithmes
Des expert·es du New York Times prédisent que cette tendance pourrait devenir la norme. Depuis la crise COVID, de nombreuses entreprises ont opté pour des structures plus autonomes, réduisant la nécessité d’une armée de sous-dirigeant·es. Phoebe V. Moore, professeure de gestion et d’avenir du travail à l’Université d’Essex, explique : ” Certaines personnes aiment les aspects sociaux d’avoir un·e patron·ne humain·e. Mais après la période Covid, beaucoup acceptent également de ne pas en avoir. ” Traduction : Personne ne manque vraiment de faire la révérence devant le PDG tous les jours.
L’IA, avec sa capacité à traiter des montagnes de données en un temps record et à générer des informations ordonnées, est l’outil parfait pour la prise de décisions stratégiques. Les PDG, ces pseudo champions de la réflexion et de l’analyse, peuvent maintenant être remplacés par des algorithmes qui ne prennent pas de pauses café. Selon les rapports, 80 % des tâches des dirigeants pourraient être automatisées. Mieux encore, près de 43 % des PDG interrogé·es pensent eux-mêmes que la majorité de leurs tâches devraient être automatisées. Peut-être qu’ils se rendent compte que leurs “décisions critiques” ne sont pas si critiques après tout.
L’économie de l’inutilité
Remplacer les PDG par des IA permettrait de réaliser des économies considérables. Fini les salaires mirobolants, les bonus extravagants et les retraites dorées. Les capitaux ainsi économisés pourraient être réinvestis dans des domaines plus productifs. Ironie du sort, ce sont les postes aux salaires les plus élevés, comme ceux des PDG, qui risquent d’être les premiers à être automatisés d’ici 2030. Une douce revanche pour toutes ces années à nous faire croire que leur présence était indispensable.
Bien sûr, certain·es diront que l’IA manque de compétences humaines essentielles comme la pensée critique, la créativité et la capacité à inspirer. Vinay Menon, consultant au cabinet de conseil Korn Ferry, précise que ” même si vous n’avez peut-être pas besoin du même nombre de dirigeant·es, vous aurez quand même besoin de leadership “. Mais soyons sérieux, combien de PDG possèdent réellement ces qualités ?
Alors, à quoi servent vraiment les PDG ? Si 80 % de leurs tâches peuvent être automatisées par une IA plus efficace et moins coûteuse, pourquoi continuer à les payer des millions ? Peut-être est-il temps de redéfinir ce qu’est vraiment le leadership dans les entreprises modernes. Peut-être est-il temps de réaliser que les PDG, avec leurs titres ronflants et leurs salaires extravagants, sont en fait les éléments les plus dispensables du système.
Car si l’IA ne saurait être une solution a la lutte des classes, l’autogestion des travailleurs en est une!