Entre répression des grévistes et discrimination syndicale, le climat est tendu dans cette boîte où bossent environ 5000 personnes. Bientôt, ça pourrait grimper à 6000, grâce à un joli coup de pouce du gouvernement avec ses 2,9 milliards d’euros dans le cadre du plan France 2030 et du » Chips Act » européen. Et pourtant, l’entreprise, cotée au CAC 40, a déjà plusieurs casseroles au cul.
Récemment, le tribunal de Grenoble a condamné STMicro pour avoir » découragé » l’engagement syndical. Le cas qui fait le plus parler : un salarié de la CGT qui a vu sa carrière mise en pause pendant plus de 13 ans, tout ça parce qu’il avait osé se syndiquer en 2010. Ça te donne une idée de l’ambiance !
Et pour en rajouter une couche, la responsable des relations sociales et juridiques de l’entreprise, Anne-Laure G., n’a pas vraiment un CV qui inspire la confiance côté syndicats. Elle a été candidate pour le Front National en 2011 à Grenoble. Pas de quoi surprendre quand on sait qu’elle a aussi fait ses classes dans des stages organisés par des think tanks bien à droite, avec un petit like pour Marion Maréchal sur Linkedin en bonus.
Quand les syndicats appellent à la grève, les huissiers débarquent direct, et les RH notent soigneusement les noms des grévistes dans leurs carnets. D’ailleurs, l’Inspection du travail avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2020 : fouilles de voitures, pressions, petits mots doux des supérieurs… Un catalogue bien rempli….
Mais ce n’est pas que chez ST que ça se passe comme ça. Dans la vallée grenobloise, plusieurs entreprises de la tech sont dans le viseur de la justice pour discrimination syndicale. Soitec, Capgemini, Schneider Electric… ces noms te disent sûrement quelque chose. Toutes ces boîtes jouent le même jeu : elles écrasent les syndicats pour maintenir leur pouvoir et leur petit confort.

La solidarité est notre seul force, mais elle est à même de renverser des montagnes !
François Clerc, ancien syndicaliste chez Peugeot, le dit bien : la méthode est rodée. Ils visent les syndicalistes individuellement, les mettent sur la touche, histoire de faire passer le message que si tu te syndiques, tu peux dire adieu à ta carrière. C’est ce qu’a vécu une camarade, employée depuis 15 ans dans une boîte de services numériques. Quand elle a pris sa carte à la CGT, la RH l’a vite fait comprendre que c’était pas la meilleure idée pour évoluer dans l’entreprise. Résultat : placardisée, mise à l’écart, des missions bidon, et un procès qui se termine par une condamnation pour discrimination syndicale.
Un autre camarade a aussi été la cible de ce genre de pratiques à Soitec, une boîte spécialisée dans les semi-conducteurs. Lui, c’était carrément une photo de sa tête recouverte de cibles et flèches roses, envoyée par mail à ses supérieurs. » On veut ma peau « , s’indigne-t-il encore aujourd’hui. Tout ça parce qu’il représentait FO. Il a fini par porter plainte et a remporté son procès en 2016, avec 130 000 euros de dommages et intérêts. Pas de quoi compenser les années de harcèlement et de galère qu’il a vécues, mais une victoire quand même.
Mais rien de tout ça n’empêche ces entreprises de continuer à empocher des aides publiques à tour de bras, malgré leurs pratiques douteuses. Soitec, par exemple, a inauguré une nouvelle usine en 2023, largement financée par des millions d’euros d’aides françaises et européennes.
C’est triste à dire, mais les syndicats doivent souvent se protéger de cette discrimination en n’exposant que les salariés protégés par un mandat. À Soitec, par exemple, seuls les élus distribuent des tracts pour éviter que les autres se fassent saquer.
La répression anti-syndicale, c’est pas juste des petites phrases assassines ou des coups de pression. Parfois, ça va plus loin. Comme en juin 2022, quand une grève chez Soitec a paralysé la production pendant une semaine. Résultat : quatre licenciements parmi les grévistes, tous dans l’équipe qui bossait de nuit.
Alors, oui, la discrimination syndicale, c’est encore bien d’actualité. Et c’est pas près de s’arrêter si on continue à laisser ces boîtes jouer avec les règles sans jamais les remettre à leur place. La solidarité est notre seul force, mais elle est à même de renverser des montagnes !
Note de la rédaction
https://basta.media/vieilles-recettes-anti-syndicales-silicon-valley-francaise-STMicroelectronics