Selon les Propagandiste par le fait, dans un monde écrasé par l’injustice et l’exploitation, des actes individuels, ciblés et radicaux, peuvent porter un message fort : un refus catégorique de courber l’échine face à l’oppression. Ces actions, disent-ils, incarnent un cri de révolte face à des systèmes qui exploitent la souffrance humaine pour le profit.
Luigi Mangione, à travers son manifeste, exprime une colère profonde contre un système de santé qu’il qualifie de « parasite », où l’accès aux soins devient un luxe et où la vie humaine est subordonnée à des logiques financières. Dans son esprit, cet acte n’est pas un déchaînement irrationnel mais une réponse directe à ce qu’il perçoit comme une exploitation institutionnalisée. Il s’inscrit ainsi dans la lignée des propagandistes par le fait du XIXe siècle, tels que Ravachol ou Émile Henry, qui considéraient la violence ciblée comme un moyen de secouer les consciences endormies.
Une méthode controversée mais assumée
Les partisans de la propagande par le fait pensent que ces gestes radicaux ne sont pas destinés à convaincre les puissants ou à obtenir des réformes. Ils visent plutôt à affirmer une rupture claire avec un ordre social jugé insupportable. Pour eux, l’acte en lui-même constitue un message : il exprime une rébellion irréductible, une volonté de se tenir debout dans un monde qui exige soumission et résignation.
Toutefois, cette méthode a toujours été controversée, même au sein des milieux révolutionnaires. Les propagandistes par le fait eux-mêmes savaient que leurs actions attiraient une répression féroce, mais ils les justifiaient comme des réponses à une violence systémique bien plus vaste et souvent invisible. Ils estimaient que l’inaction ou la soumission équivalaient à une complicité silencieuse avec cette oppression.
L’individu face à l’oppression
Luigi Mangione, comme les propagandistes avant lui, semble incarner une vision profondément individualiste de la lutte contre l’oppression. Pour les partisans de cette approche, l’individu, lorsqu’il agit seul, échappe aux compromis, aux lenteurs et aux récupérations des luttes collectives. Il devient un point de rupture, un signal clair adressé à ceux qui dominent comme à ceux qui subissent.
Cette approche repose sur l’idée que, face à un système perçu comme inébranlable, l’individu peut devenir le levier de sa propre émancipation. Loin de chercher une validation ou une approbation extérieure, ces actes affirment une subjectivité radicale, une volonté de briser les chaînes imposées par un ordre social fondé sur l’exploitation.
Une révolte aux conséquences inévitables
Les propagandistes par le fait ne sont pas naïfs quant aux conséquences de leurs actions. Ils savent que l’État, dès qu’il se sent menacé, réagit avec violence. Les lois scélérates adoptées en France à la fin du XIXe siècle, par exemple, ont permis une répression sans précédent contre les milieux anarchistes. Mais pour ces individus, ces risques ne font que confirmer l’hypocrisie et la brutalité des systèmes qu’ils dénoncent. Leur geste, pensent-ils, reste une affirmation irréductible de liberté face à l’oppression.