La mise en scène est parfaite : Frédéric Valletoux, le ministre de la santé, salue une décision “responsable” et vante une “nouvelle relation” entre les pouvoirs publics et les cliniques. Tout sourire, il parade au salon SantExpo à Paris avec Lamine Gharbi, le président de la FHP. Une belle photo, un symbole de réconciliation… ou plutôt de reddition.
Le triomphe de l’Hôpital Privé
Les documents et témoignages recueillis par Mediapart dévoilent une toute autre réalité : une véritable guerre menée par le secteur privé contre l’État. Une guerre planifiée avec une précision quasi militaire, mêlant lobbying, omniprésence médiatique, et menaces à peine voilées.
Le résultat ? Une victoire éclatante pour le privé. “Même si toutes les demandes ne sont pas satisfaites, le ministre nous a rassurés”, fanfaronne Lamine Gharbi. Les “engagements pris par le gouvernement” incluent la suppression du coefficient de minoration, des aides aux établissements en difficulté, et un soutien financier à un accord salarial. En clair, le gouvernement Macron a cédé sur presque toute la ligne.
Le minable spectacle de l’exécutif
Frédéric Valletoux, en bon porte-parole de l’exécutif, nie tout en bloc. “Le gouvernement n’a rien cédé à qui que ce soit”, clame-t-il, tout en vantant son souci de l’équité et de l’accès aux soins. Une rhétorique creuse et désespérément hypocrite. La réalité, c’est que l’exécutif a plié face aux menaces de grève et au lobbying intense de la FHP.
Le secteur privé, anticipant les mesures défavorables, s’était préparé depuis des mois. Un document confidentiel, intitulé “Plan de bataille FHP 2024”, distribué aux membres du conseil d’administration une semaine avant les annonces du gouvernement, détaillait la stratégie à adopter. La FHP savait que le vent tournerait et a planifié une réponse agressive.
Lobbying intense de la FHP
La FHP n’a pas lésiné sur les moyens. Multiplication des déclarations dans la presse, tribunes, recours juridiques, propositions d’amendements pour les parlementaires, courriers aux élu·es… Tout y est passé. Même la campagne des élections européennes était envisagée comme un levier potentiel.
Les parlementaires, de droite comme de gauche, ont réagi comme prévu. Des sénateurs comme Laurent Burgoa (Les Républicains) ont alerté sur “l’affaiblissement de l’hôpital privé” et les conséquences “catastrophiques” d’une grève. Certains socialistes ont aussi mordu à l’hameçon, demandant à Valletoux de “revoir les arbitrages”.
La farce de la mobilisation
Dans les cliniques, la mobilisation est orchestrée avec une efficacité redoutable. Affiches, courriels, tracts dans les dossiers des patient·es… Tout est bon pour faire monter la pression. Les patients sont même pris en otage dans cette guerre des tarifs, avec des tracts alarmistes glissés dans leurs dossiers.
La CGT et la CFDT ont réagi différemment. La CGT a refusé d’appeler à la grève, tandis que la CFDT a demandé à la FHP de ne “pas tout mélanger”. Une réaction timide face à une offensive aussi bien orchestrée.
Une capitulation honteuse
Face à cette pression, l’exécutif Macron a cédé. Une capitulation en règle, déguisée en “nouvelle relation” entre public et privé. Le gouvernement promet de ne pas financer le privé au détriment du public, mais qui peut encore croire à cette fable ? La transparence sur les comptes des cliniques privées ? Une chimère, bien entendu.
Le spectacle offert par le gouvernement Macron est une leçon de cynisme. Plier devant les menaces, céder aux lobbies, et maquiller cette capitulation en victoire politique. Une farce tragique, à la hauteur de la gestion désastreuse de la santé publique sous Macron.
Le secteur privé, lui, jubile. Avec des engagements clairs du gouvernement et des millions d’euros en jeu, il n’a jamais été aussi florissant. Et le public, lui, continue de souffrir. Mais qu’importe, tant que les élections approchent et que l’illusion de la gestion efficace est maintenue.
En fin de compte, cette capitulation face au lobby de l’hôpital privé n’est qu’une illustration de plus de la déliquescence de l’exécutif Macron. Un gouvernement incapable de tenir tête aux intérêts privés, prêt à sacrifier l’intérêt général sur l’autel du profit. Une tragédie pour la santé publique, un triomphe pour le cynisme politique.