» Moins d’éducateurs dans un quartier, ça laisse plus de place à la violence « 

Marie-Hélène Thoraval, la maire de Romans-sur-Isère, s’est autoproclamée experte en  » violence d’une jeunesse ensauvagée  » depuis le drame de Crépol. Mais cette spécialiste de pacotille est pointée du doigt par les travailleurs sociaux qui la jugent responsable des problèmes qu’elle dénonce à tour de bras sur les plateaux télé.

Le 24 avril 2024, Thoraval balance sans détour sur LCI :  » Si on ne prend pas garde, on va passer de quartiers communautaires à des quartiers ethniques, qui imposent leurs lois de par la culture d’origine qui est la leur.  » Voilà une élue divers droite qui reprend la théorie du grand remplacement de l’extrême droite en direct, à 8h du matin. Depuis que Thomas Perotto, 16 ans, a été poignardé à Crépol par un adolescent du quartier populaire de La Monnaie, elle multiplie les interventions médiatiques, répétant à qui veut l’entendre qu’elle veut  » civiliser  » une jeunesse qu’elle qualifie d’ » ensauvagée « .

Récupération politique et réaction Anti-sociale

Thoraval, 57 ans, inconnue du grand public il y a six mois, est devenue la coqueluche des médias. De TF1 à CNews, en passant par BFM-TV et RTL, elle a donné au moins 30 interviews depuis le meurtre de Thomas. À Romans, ses opposants sont écœurés par sa récupération d’un drame pour se construire une carrière politique. Isabelle Pagani, conseillère municipale de l’opposition, la qualifie de  » spécialiste autoproclamée  » et dénonce une  » escroquerie intellectuelle « . Les baisses drastiques des subventions pour la jeunesse et l’éducation, la fermeture d’une école à La Monnaie, et un climat de terreur généralisé sont autant de fléaux dont elle est directement responsable.

 » Moins d’éducateurs dans un quartier, ça laisse plus de place à la violence « , estime un salarié d’une association locale. Mehdi Dehdouh, ancien élu d’opposition qui a grandi à La Monnaie, fulmine :  » Quand elle a pris le pouvoir, ces gamins avaient quatre ans ! Comment elle peut ne pas assumer ses responsabilités ? « 

Thoraval, la Nouvelle Star des Médias Bolloré

Dans le quartier de La Monnaie, Walid, 40 ans, sirote son café et exprime son dégoût vis-à-vis de  » la Thoraval « . Il accuse la maire de Romans d’avoir utilisé le drame de Crépol pour faire du buzz et de vouloir gravir les échelons de l’État avec ses  » conneries « . Walid et d’autres habitants de La Monnaie refusent qu’on stigmatise tout le quartier pour les actes de quelques-uns.

Le 9 avril 2024, Zakaria, 15 ans, est tué à l’arme blanche après s’être interposé lors d’une altercation. Thoraval, cette fois, ne daigne même pas se rendre à la marche blanche en hommage à l’adolescent. Son absence n’est pas passée inaperçue.  » Elle sait très bien que la plupart des jeunes du quartier ne votent pas, donc elle en profite « , dénonce Walid.

Des Subventions en Baisse, une Sécurité en Hausse

Dès son arrivée à la mairie en 2014, Thoraval a coupé dans le vif. Haro sur le social, l’associatif et l’éducation. Elle supprime 40 % des subventions aux associations, y compris les Maisons des jeunes et de la culture.  » Avec les faibles moyens que la mairie nous donne, on ne peut avoir que trois salariés sur l’animation jeunesse pour une ville de 30 000 habitants « , se plaint un employé d’une association locale.

La maire décide aussi de municipaliser le service de prévention, autrefois assuré par les éducateurs de l’association Sauvegarde 26. Les nouveaux éducateurs, mal formés et mal payés, n’inspirent pas confiance aux jeunes. Les budgets des écoles maternelles et primaires sont également réduits, obligeant les enseignants à faire des miracles avec des bouts de ficelle.

Une réaction sécuritaire et populiste

Thoraval triple les effectifs de la police municipale et fait la guerre aux associations. En 2015, elle expulse la Maison de la nature et de l’environnement de son local historique. Les salariés de la maison de quartier Coluche, qui osent protester, voient leurs subventions coupées et la structure fermée. Éric Exbrayat, un ancien bénévole, raconte :  » Ma nana a fait une dépression. Tout est parti en morceaux. [Thoraval] a tout pété. « 

Sa politique anti-sociale et sécuritaire plaît à une majorité d’électeurs, puisqu’elle est réélue en 2020. La ville a été embellie, avec un nouveau parc et des sculptures de chaussures géantes. Mais le nouveau climat de terreur en décourage plus d’un. Marie-Hélène Thoraval appelle même le rectorat pour se plaindre d’une enseignante engagée à gauche, et les commerçants qui s’opposent à ses projets reçoivent des menaces anonymes.

La chouchoute des médias de bolloré

Sa gestion autoritaire et ses déclarations chocs la rendent populaire dans les médias du milliardaire Vincent Bolloré. Refusant la deuxième place sur la liste Les Républicains aux élections européennes, elle se fait remarquer comme potentielle ministre et remporte des prix de reconnaissance.

Thoraval se proclame porte-parole de la  » France silencieuse  » et ne cesse de pousser des propositions répressives, telles que l’internat dès le primaire et la punition pénale des parents démissionnaires. Elle devient la  » maire courage  » des médias, déprogramme des humoristes comme Yassine Belattar et laisse Marion Maréchal Le Pen rendre hommage aux victimes d’un attentat sans broncher.

En conclusion, Marie-Hélène Thoraval joue avec le feu pour son propre profit, abandonnant les jeunes et les familles de sa ville à leur sort. Son jeu de dupes avec les médias et son positionnement autoritaire ne font que diviser et aggraver la situation. Mais tant qu’elle brille sous les projecteurs, pourquoi s’inquiéter des conséquences ?

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