Solène Berton et Etienne Choisy, jeunes agriculteurs bio dans les Deux-Sèvres, sont en pleine galère. Ils attendent depuis des mois des aides à la conversion promises par l’État. » On rend réellement des services à la société en étant en agriculture biologique « , explique Solène, mais visiblement, l’État n’a pas reçu le mémo. Plus de 20 000 euros manquent à l’appel pour une superficie de 160 hectares. Pendant ce temps, le couple survit grâce aux ventes de l’année dernière, mais combien de temps cela pourra-t-il durer ?
La colère gronde
En 2023, les aides de la PAC aux exploitants français en bio s’élevaient à 340 millions d’euros sur un budget total de 9 milliards d’euros à l’agriculture française. Mais visiblement, ces fonds sont coincés quelque part entre les bureaux climatisés de l’administration et les champs de pois chiches de Solène et Etienne. Problèmes de logiciel, manque d’anticipation budgétaire, surcharge de travail des agents des services de l’État… Les excuses fusent, mais les aides, elles, restent invisibles.
Guy Moreau, président de la Fédération régionale de l’agriculture biologique, tire la sonnette d’alarme. » On a mené des enquêtes auprès de nos adhérents et environ 70 % répondent que leur exploitation est en difficulté. Ça leur sape le moral. Je pense qu’ils ne vont pas tenir longtemps. C’est un scandale et la colère monte. «
Le couple Berton-Choisy a investi du temps et de l’argent pour rééquilibrer leurs cultures et diversifier leur production. Mais sans les aides promises, leurs projets sont freinés. » Comment est-on soutenu en tant que jeune agriculteur en conversion ? On construit notre prévisionnel économique en fonction des aides. Depuis un an, on attend notre aide à la conversion. Les taux bancaires ne sont plus les mêmes. On a des frais de dossier des banques à prendre en compte « , déplore Solène.
L’agriculture Bio : Un désintérêt Politique ?
L’agriculture biologique représente 10,7 % de la surface agricole utile en France. Le gouvernement espérait atteindre 18 % d’ici à 2027. Mais avec un soutien aussi défaillant, ces objectifs relèvent de la fiction. Solène et Etienne, comme beaucoup d’autres, sont pris au piège d’un système qui prône le bio mais ne le soutient pas.
Ce scandale n’est pas seulement une question d’administration défaillante, c’est une question de justice sociale. Les agriculteurs bio, qui s’engagent pour une agriculture durable et respectueuse de l’environnement, sont laissés pour compte. Ils sont invisibilisés par un État qui préfère les grandes annonces aux actes concrets.
Ce retard de paiement des aides est une trahison de la promesse d’une agriculture plus verte et plus équitable. Et pendant que les agriculteurs attendent, l’administration continue de se noyer dans ses excuses. La situation est intenable et indigne pour ceux qui travaillent dur pour nourrir la population de manière responsable.
Ce scandale des aides bio montre une fois de plus que les promesses gouvernementales sont que des paroles en l’air. Les agriculteurs bio sont en difficulté et la réponse de l’État est pathétique. Si nous voulons vraiment une agriculture durable, il est temps de soutenir ceux qui sont en première ligne, et non de les laisser se débattre dans l’indifférence.