Nouméa en ebullition : Les milices coloniales prêtes à tout pour écraser les Kanaks

À Nouméa, les relents nauséabonds du colonialisme refont surface. Des milices armées composées de résidents européens s’organisent pour « défendre » leurs quartiers contre une prétendue menace Kanak. Entre « voisins vigilants » armés jusqu’aux dents et « snipers » amateurs sur les toits, la répression coloniale atteint de nouveaux sommets.

À Nouméa, la violence s’intensifie sous la forme de milices coloniales. Jason*, boulanger armé d’un fusil d’airsoft chargé de balles en caoutchouc, patrouille dans sa résidence. Les affrontements entre forces de l’ordre et jeunes Kanaks indépendantistes font rage, et les résidents européens forment des rondes armées pour défendre leurs biens.  » Faut qu’ils tirent dans le tas. S’il faut des morts pour calmer leurs conneries, eh ben, il faudra des morts. « 

Milices coloniales en action

Ces propos témoignent d’une mentalité coloniale persistante, où la vie Kanak est dévalorisée. Dans le quartier du 6e Kilomètre, les résidents bloquent les accès avec des plaques de métal et des voitures, se préparant à la guerre sous prétexte de défense.  » On n’est pas une milice « , clame un homme masqué, tandis qu’Aurélie, cheffe d’entreprise, organise les défenses avec un drapeau blanc pour éviter les malentendus.  » On n’empêche pas les gens de circuler sur la route principale. Mais s’ils n’habitent pas dans le quartier, ils n’ont rien à y faire. « 

Les armes sont prêtes, mais cachées. Christophe, leader dans la Vallée-des-Colons, admet avoir réfléchi à leur usage en cas d’attaque :  » On a des snipers sur les toits.  » L’ambiance est tendue, mais sous la tonnelle de son barrage, des femmes discutent tranquillement. Marie, fonctionnaire et mère de trois enfants, tente de maintenir la paix avec une banderole  » Peace « .  » La seule chose à faire après tout ça, c’est se mettre autour d’une table et discuter. « 

Une ville en état de siège

Dans les quartiers Sud, bastion loyaliste, la méfiance règne et le racisme latent se dévoile. Les Européens surveillent chaque mouvement avec des caméras et des boucles WhatsApp. Malgré l’apparente tranquillité, avec des enfants jouant et des bars ouverts, les résidents sont en état d’alerte maximale. Des barrages bloquent les rues, et des milices armées se forment.  » On a des snipers prêts à tirer « , confie Sylvain*, qui a participé à un atelier de fabrication de cocktails Molotov.  » Il y a toute une pression qui fait que si tu ne le fais pas, tu risques d’être mis à l’écart. « 

Mercredi, la situation a pris une mauvaise tournure : trois Kanaks et un gendarme ont été tués par des civils armés. Le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a d’abord condamné les milices, les qualifiant de  » criminels « . Mais dans une volte-face surprenante, il a ensuite approuvé leur existence, déclarant qu’ils répondaient à une  » attente de la population « . Cette ambivalence illustre le chaos et la désorganisation qui règnent à Nouméa, mais surtout la connivence d’un État colonial avec les milices violentes.

Le colonialisme moderne

Les événements à Nouméa révèlent une société fracturée, où la peur et la violence sont exacerbées par des milices coloniales armées et une répression brutale. La réponse des autorités est ambiguë, soutenant implicitement des groupes armés non-officiels tout en condamnant leurs excès. La situation est une poudrière, prête à exploser à tout moment, alors que les tensions ethniques et politiques continuent de croître. La lutte pour l’indépendance des Kanaks se heurte à une violence coloniale prête à tout pour maintenir l’ordre établi.

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