L’inaction de l’Etat face au changement climatique
La Cour des Comptes a publié ce mardi 12 mars son rapport public annuel. L’étude de l’action publique concernant la lutte contre le réchauffement climatique, et l’adaptation de la société face à ce phénomène constitue le cœur de ce rapport.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le constat est accablant : on savait déjà plus ou moins que le projet de lutte contre le réchauffement climatique promis par l’Etat sonnait creux. Mais en plus de cela, rien, ou presque, n’est entreprit pour préparer efficacement les infrastructures, les écosystèmes et la population civile à ce changement climatique.
D’après la Cour des Comptes, « les enquêtes réalisées [pour élaborer ce rapport] montrent que la planification présente souvent des lacunes. » Ces lacunes entretiennent une forte confusion dans la tête des gens concernant les domaines à prioriser, et les décisions à prendre. Certain·es en viennent même à opposer lutte contre le réchauffement climatique, et adaptation de la société face à ce même réchauffement. D’autres encore, peuvent voir dans l’adaptation au changement climatique une forme d’abandon de la transition écologique.
Cette confusion se manifeste à juste titre, faute d’information et de cohérence dans les choix qui sont faits : « [Les] mesures conçues pour réduire la vulnérabilité d’un système naturel ou humain [peuvent conduire] en réalité à l’augmenter. » On peut prendre l’exemple de la sur-climatisation en été par exemple, qui semble nécessaire mais qui participe pourtant au réchauffement climatique.
Les projets de méga-bassines qui se multiplient en France de nos jours sont un parfait exemple de mal-adaptation au changement climatique. Comment imaginer que bâcher un énorme trou pour sortir l’eau du sol et la privatiser soit un projet de société viable et équitable ? D’autant plus quand le but est clairement de poursuivre dans la voie de l’agriculture intensive, dopée aux pesticides ?
La rapport explique que « l’arbitrage entre les options disponibles doit être précédé d’une évaluation précise des coûts actuels et futurs de l’adaptation, qui est encore trop souvent lacunaire, voire inexistante, faute de données suffisantes mais également parfois d’objectifs clairs. » Il est par exemple impossible, à l’heure actuelle, de chiffrer le coût de l’adaptation au changement climatique du parc immobilier du pays.
On constate également une absence de règlementation dans de nombreux secteurs. Au niveau financier par exemple, « le premier critère d’allocation des flux demeure la rentabilité financière, et non l’impact environnemental. » En d’autres termes, si le maître-mot des aides publiques aux entreprises reste la rentabilité et la croissance, aucune transition écologique ne sera possible.
Enfin, rajoutons que le mode d’action publique et ses évaluations ont une fâcheuse tendance à segmenter les problèmes. Ce qui peut être présenté comme une solution dans un secteur, peut tout à fait avoir des répercussions négatives dans un autre.
Pour pallier à ce biais, une vision transversale de l’action publique doit nécessairement se mettre en place, permettant de faire le lien entre les différents domaines d’activités. Cela permettra d’obtenir une vision d’ensemble de la société, afin d’agir efficacement face aux enjeux de notre époque.
Mission impossible pour un Etat dont les ambitions électoralistes, grossières et déconnectées de la réalité, n’apportent que des solutions à court-terme, qui ne permettent aucunement de répondre à la crise climatique.
Reprendre le pouvoir, la seule voie possible
A l’heure actuelle, la question de l’adaptation au changement climatique « concerne au premier chef les administrations publiques. » Voilà qui peut sembler aller de soi dans le système actuel, mais qui n’a pourtant rien d’anodin, quand on y réfléchit. « Nombre de mesures [devant] répondre aux effets du réchauffement climatique vont modifier [nos] conditions de vie, dans leurs aspects les plus essentiels : l’alimentation, le logement, les transports, les loisirs, etc. »
On comprend alors, comme le stipule la Cour des Comptes elle-même, que « l’adaptation ne doit pas être appréhendée seulement sous l’angle technique, c’est aussi un enjeu démocratique pour les Français·es. » Pourtant, c’est précisément sous ce seul angle technique que l’Etat entend gérer les finances publiques du pays.
Nous l’avons déjà vu avec le projet d’économie de 10 milliard d’euros présenté par Bruno Le Maire : en matière d’économie (comme pour le reste), les élites assurent faire preuve de bons sens et de pragmatisme, n’assumant pas les choix idéologiques cachés derrière ces termes fumeux.
C’est d’ailleurs peut-être là le cœur du problème : les dirigeant·es semble n’être mû·es que par un désir brûlant de croissance du PIB. Dans ces conditions, comment espérer de leur part une quelconque volonté de remettre en question le système actuel ? Puisque pour ces gens-là, il n’est question que de profits, les laisser aux commandes de la transition écologique relève plus d’un suicide sociétal qu’autre chose.
Que faire alors ? L’Etat se montre tout à fait incapable de faire face au changement climatique, tant au niveau de la lutte contre le réchauffement climatique, qu’au niveau de l’adaptation face à celui-ci. Il devient alors urgent de reprendre le pouvoir sur la classe dirigeante. Les décisions doivent être prises PAR le peuple, et POUR le peuple.
Nous sommes convaincus que c’est seulement ainsi que nous serons en mesure de faire face à la crise écologique en cours. C’est seulement ainsi que nous pourrons apporter toujours plus de justice sociale et d’équité dans la société, à rebours des politiques actuelles, menées par une bourgeoisie de plus en plus déconnectée du reste de la population. Ouvrons nos imaginaires politiques, pour penser de meilleures formes d’organisations sociales.