Les habitants trinquent, mais les industriels, eux, continuent de polluer en toute impunité. Et si vous pensiez que l’État allait lever le petit doigt pour vous protéger, détrompez-vous : ici, ce sont les intérêts des gros pollueurs qui priment, le reste, c’est du détail.
Quand Didier Ott, ancien ingénieur, a quitté Paris pour s’installer à Pornichet en 2018, il pensait laisser derrière lui les embouteillages, la pollution et les bronches en feu. Sauf qu’à Saint-Nazaire, l’air est peut-être encore pire qu’à la capitale. En fouillant un peu dans les données d’Air Pays de la Loire, Didier a vite compris qu’il respirait un air vicié, truffé de particules cancérogènes. Les chiffres de l’Observatoire régional de la santé (ORS) ne laissent aucune place au doute : vivre à Saint-Nazaire, c’est comme tirer une clope de temps en temps, sauf que vous n’avez même pas la satisfaction de la nicotine.
Le risque d’avoir un cancer du poumon est 19 % plus élevé qu’ailleurs dans la région, et les cancers du nez, de la gorge et de l’œsophage explosent tous les compteurs. Mais, surprise, pour l’État, ce n’est pas la pollution qui vous tue à petit feu, non, c’est l’alcool et le tabac. Ah bah oui, fallait y penser ! Michel Bergue, l’ancien sous-préfet de Saint-Nazaire, affirmait fièrement que c’était ” pas la pollution industrielle ” qui causait tous ces cancers, mais plutôt ” le tabac et l’alcool “. Une excuse bien commode pour laisser les usines continuer à cracher leur poison en toute tranquillité.
Pollution à gogo, cancers en série, et tout le monde s’en fout
L’air à Saint-Nazaire, c’est un mélange de vapeurs toxiques provenant des Chantiers de l’Atlantique, d’émanations chimiques d’Airbus et d’effluves de produits dégueulasses utilisés par Yara, une usine d’engrais chimiques située à deux pas. Et pour couronner le tout, il y a aussi les charmantes émanations de la raffinerie TotalEnergies, qui balance allègrement ses composés organiques volatils dans l’atmosphère. Autant dire que vivre ici, c’est comme se balader en permanence dans une usine chimique.
Et quand la justice donne enfin raison aux habitants et qu’elle bloque une usine qui voulait utiliser des produits cancérogènes à deux pas des habitations, la préfecture intervient illico pour protéger les pollueurs. En 2018, après que le tribunal administratif de Nantes a bloqué une extension d’Airbus qui comptait utiliser du chrome VI, un cancérogène certain, la préfecture signe un joli petit arrêté pour permettre à l’usine de s’agrandir. L’argument ? Protéger l’emploi et l’économie. Parce que bon, les cancers, ça compte moins que les bénéfices…
Si vous pensiez que c’était déjà pas mal, attendez d’entendre ce que TotalEnergies a fait. En décembre 2022, une fuite d’essence à la raffinerie de Donges lâche 770 000 litres de carburant dans la nature. Pas de panique, la préfecture rassure tout le monde : ” Aucun impact sanitaire pour la population “. Sérieusement ? Vous balancez presque un million de litres d’essence, et tout va bien ?
Sauf que quand l’Ineris, un institut indépendant, sort son rapport quelques semaines plus tard, il révèle que le taux de benzène, un joli petit cancérogène, avait explosé pendant plusieurs jours. Mais, surprise, ce rapport a été planqué par TotalEnergies, qui a refait ses propres calculs pour minimiser l’impact. Et l’État ? Rien, nada. Silence radio. On ne voudrait pas trop inquiéter les habitants, hein.
Vous vous demandez peut-être ce que fait l’État pour mesurer la pollution à Saint-Nazaire. Eh bien, pas grand-chose. Une ” étude de zone ” a été lancée pour identifier les sources de pollution, et devinez quoi ? Elle est truffée de trous. La majorité des entreprises polluantes n’a même pas répondu au questionnaire, et les polluants les plus dangereux, comme les particules ultrafines, n’ont même pas été pris en compte.
Un État complice, des habitants laissés pour compte
Tout ça, c’est bien beau, mais pendant ce temps, les habitants, eux, continuent de respirer ce cocktail de poison en silence. Les associations locales, comme AEDZRP, se battent depuis des années pour faire la lumière sur cette pollution industrielle, mais l’État continue de protéger les pollueurs. Et même quand un rapport explosif sort, comme celui de l’Ineris, il est vite étouffé pour ne pas faire de vagues.
L’État protège ses petits copains industriels, tandis que les habitants de Saint-Nazaire crèvent à petit feu. Et tout le monde s’en fout. Pourtant, ce n’est pas comme si les chiffres manquaient : des cancers en série, des pics de pollution qui explosent tous les seuils, des accidents industriels passés sous silence… Mais non, il ne faudrait surtout pas froisser les entreprises qui font tourner l’économie locale.
Les associations, les riverains, les syndicats, tous continuent de se battre pour la vérité. Ils veulent juste respirer un air propre, c’est quand même pas compliqué ! Mais tant que l’État continuera de protéger les pollueurs et de balayer les problèmes sous le tapis, rien ne changera. En attendant, à Saint-Nazaire, on continue de crever en silence, pendant que TotalEnergies et ses potes se frottent les mains.