Sainte-Soline : Lenteur de l’enquête sur les blessures graves, une honte pour la justice

Un an après les événements traumatisants de Sainte-Soline, la lenteur de l’enquête concernant les victimes les plus gravement blessées demeure une tache indélébile sur le visage de la justice française.

Un an s’est écoulé depuis la manifestation mouvementée de Sainte-Soline, ayant laissé des dizaines de personnes blessées. Alors que les organisateurs de la mobilisation ont été rapidement jugés et condamnés, l’enquête sur les blessés les plus graves, victimes des opérations de gendarmerie, s’éternise honteusement aux mains du parquet de Rennes.

Ces enquêtes, qui visent les actes de “violences par personne dépositaire de l’autorité publique” et des faits de “non-assistance à personne en danger”, semblent piétiner. Parmi les victimes, Serge, Alix*, Mickaël et Olivier attendent désespérément que justice soit faite. Serge, 33 ans, a subi une blessure à la tête due à une grenade, plongé dans le coma pendant plusieurs semaines. Son état a été critique. Alix, une étudiante de 20 ans, souffre d’une paralysie faciale après avoir été touchée à la mâchoire.

Mickaël, 35 ans, atteint à la gorge par un projectile, a subi une hémorragie cérébrale et est resté plus de deux semaines dans le coma. Olivier, 28 ans, informaticien, a été blessé au pied par une grenade de désencerclement.

Leur douleur et leur combat pour la vérité sont relatés dans le documentaire “Sainte-Soline, autopsie d’un carnage”. Mais où est la justice pour ces personnes ? Un an après, aucun gendarme impliqué n’a été mis en cause. La lenteur de l’enquête semble refléter une justice à deux vitesses, où les actes des forces de l’ordre sont traités avec une indulgence déconcertante.

Le procureur de Rennes, Philippe Astruc, avait annoncé une enquête approfondie, mais à ce jour, le silence est assourdissant. Aucune charge contre les forces de l’ordre, aucune responsabilité assumée.

En parallèle, l’agressivité judiciaire envers les manifestants est flagrante. Des condamnations rapides et sévères ont été prononcées contre ceux qui ont été désignés comme les organisateurs de la mobilisation.

Le gouvernement, quant à lui, reste sourd aux accusations de violence excessive de la part des forces de l’ordre. Il affirme, sans rougir, que les tirs de LBD étaient de la “légitime défense”, tandis que les organisateurs sont tenus pour responsables du “déchaînement de violences”.

Cette situation met en lumière un biais troublant dans le traitement judiciaire : prompt à punir les citoyens, lent à enquêter sur les agissements des forces de l’ordre. Une justice équitable n’aurait-elle pas dû traiter ces affaires avec la même rigueur et célérité ?

L’impunité apparente des forces de l’ordre dans cette affaire est un affront à l’état de droit et un coup dur pour la confiance du public en la justice. Il est temps que la lumière soit faite sur ces événements, pour que les victimes puissent enfin obtenir la justice qu’elles méritent.

Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat.

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