« Nous sommes en guerre. » On se souvient de cette formule utilisée par Emmanuel Macron lors d’une intervention télévisée en 2020, alors que l’épidémie de covid-19 était en pleine expansion en France. A l’époque, certain·es avaient déjà pressenti une intention guerrière derrière ces mots.
Aujourd’hui, cette formulation résonne avec force, car de nouveaux éléments sont venus confirmer ces pressentiments dans le champ politico-médiatique : mise en place d’un Service National Universel (SNU) cachant probablement la volonté à long terme d’un retour du service militaire; apparition d’un uniforme dans les établissements scolaires, et ce dès le plus jeune âge; utilisation de plus de plus fréquente d’un champ lexical guerrier dans les interventions de Macron et de ses sbires…
Ajoutons à cela que, juste après avoir allègrement piétiné toute forme de dialogue social avec la nauséabonde réforme des retraites, soi-disant parce que l’argent ne tombe pas du ciel et qu’il fallait absolument économiser 10 milliards d’euros pour « sauver » nos retraites, la minorité présidentielle a jugé bon d’adopter la loi de programmation militaire 2024-2030. Cette dernière augmente massivement le budget des armées (budget annuel de 69 milliard d’euros en 2030, contre 32 milliard en 2017).
Tout récemment encore, Macron et Zelensky ont signé un accord bilatéral de sécurité, stipulant notamment que « la France fournira jusqu’à 3 milliards d’euros de soutien supplémentaire » militaire à l’Ukraine. De plus, en cas d’agression russe sur l’Ukraine, la France et l’Ukraine « mèneront des consultations dans les 24 heures pour déterminer les mesures nécessaires pour contrer ou dissuader l’agression », incluant « une assistance rapide et soutenue en matière de sécurité, des équipements militaires modernes dans tous les domaines, selon les besoins, et une assistance économique. »
De là à imaginer que Macron prépare le terrain pour instaurer un climat de guerre, il n’y a qu’un pas. Un tel climat ne sert pas tant à lutter contre un ennemi extérieur (pour le moment), mais surtout à justifier la répression, par un surarmement policier et militaire, de l’ennemi intérieur : les luttes écologistes et sociales, les mouvements populaires et solidaires, bref tous ceux et toutes celles qui rêvent d’un avenir juste et équitable pour toutes et tous. De plus, ajoutons à cela qu’une « économie de guerre » serait probablement prétexte à instaurer des mesures d’austérité et à relayer les prestations sociales au second plan.
Beaucoup ont découvert la militarisation de la répression durant le mouvement des gilets jaunes, mais les habitant·es des « banlieues » connaissent cette répression depuis déjà bien longtemps, ayant servi de laboratoire répressif pour le pouvoir. La répression du mouvement contre la réforme des retraites et la révolte des banlieues suite à l’assassinat de Nahel n’ont été que la confirmation de la nature ultra-violente du pouvoir.
Si cet article se concentre sur le cas français, les menaces qui planent comme un nuage noir au dessus de nos têtes ne se retrouvent pas qu’en France : de plus en plus de pays semblent se diriger vers la même direction. Pour lutter efficacement, il est crucial de diffuser un discours antimilitariste fort et cohérent afin de décrédibiliser les aspirations militaires de la caste au pouvoir. Il s’agira au fond de démontrer que le choix de la violence et de la guerre est un choix politique, idéologique. Qu’il existe mille autres alternatives possible à cette violence, et que les peuples s’y opposent farouchement.